ACCUSÉS ÉCRANS, levez-vous...! Lecture, inculture, temps d'écran, la confusion à la page...!

9 Avril 2024

Il y avait bien longtemps que l'outil n'avait servi de coupable au crime. Le verdict semble tomber, le smartphone comparaîtra bientôt aux assises...

---DVSM---

- DVSM, 9 avril 2024. S'il existait encore un bonnet d'âne, le téléphone mobile en serait sans l'ombre d'un doute coiffé. Qu'a-t-il fait pour mériter d'être sur le banc des accusés...? Rien, mais il est là, c'est tout. Cette histoire rappelle ce procès d'un assassin ayant, d'une lame acérée, trucidé un quidam qui, peut-être, l'avait bien cherché. Le juge n'a pas tremblé de l'avant-bras. Il a lourdement puni le couteau de cuisine, LE coupable du méfait. Les violences, les rixes, la dégradation des climats scolaires et au-delà ont enfin vu démasqué le responsable des crimes qui sont dans l'ère numérique. Le smartphone finira guillotiné. D'autant plus qu'il a aussi, prétendent certains, porté un méchant coup bas aux habitudes de lecture. Comprenez.: la culture. Comme si le monde de l'édition n'avait pour sa part strictement rien à voir avec cette partielle décrépitude. D'ailleurs, imaginer que le temps d'écran n'est qu'un temps exclusivement hors littérature est une erreur. Que n'avait-on célébré dans un temps encore récent les mérites du numérique, rendant possible le stockage d'une encyclopédie sur un carré de silicium pas plus grand qu'un ongle...! Tant de mélèzes et de chênes épargnés, aussi bien pour qu'ils ne deviennent pâte à papier ou qu'ils fussent convertis en étagères scandinaves...! Le numérique préserve la forêt, qui absorbe le carbone, c'est si bon pour la planète...! Oui, mais voilà, l'accro de l'écran est par vision expéditive un échappé de la culture, et quasi commanditaire du prochain meurtre à la sortie du collège...

Ainsi donc, "on" songe à en limiter la présence, dans les cartables, dans les poches, dans les casiers. Une sorte de remise au goût du jour d'un fantasme plus que semi-séculaire. Car, les plus jeunes ne le savent peut-être pas, les premiers écrans, cathodiques, en nuances de gris et parfois ornés de parasites, furent aussi considérés comme les coupables d'une dérive intellectuelle et comportementale. La télévision des premiers jours était certes une petite lucarne sur le monde, mais aussi un inspirateur facile de l'inculture et du délit suggéré. Au point que les chefs de familles soucieux de l'avenir de leur progéniture leur empêchaient le franchissement de la porte du foyer, affirmant comme une preuve de savoir être noblement autoritaire "Tant qu'il y a les enfants, chez moi, y'a pas la télé".

Tant d'écrans et temps d'écrans, voilà que le présent bouleverse tout. Les écrans sont partout. Dans toutes les pièces de la maison, dans le train, dans l'auto, dans l'avion, dans la salle d'attente du dentiste... Et à l'école, désormais, comment l'éviter...? Mais est-ce à cause de lui que les élèves ne se lèvent plus en silence quand entrent dans la classe l'instituteur ou le professeur...? Est-ce à cause de lui que l'apprentissage de l'écriture, de la lecture et du calcul ont tant dérivé qu'ils ne se grave plus comme avant dans tant de jeunes têtes blondes...? Le temps d'écran pour tous, devient même une petite honte quand il se prolonge. Sauf que cet écran peut servir à lire des romans, à écouter de la musique, à regarder des films, faire des photos et des séquences en vidéo, et que dans les heures affichées dans les statistiques de cet étrange instrument, figurent aussi celles de la recherche de la bonne adresse pour un rendez-vous, des heures de Wase pour éviter les radars piégeurs et même, ce qui n'est que l'inverse de l'isolement dont on le rend stupidement coupable, celles consacrées aux contacts avec les proches, amis, parents, enfants...