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Au-delà de leurs performances propres, les salons s'avèrent être des outils permettant d'appréhender, dans des proportions non négligeables, bien plus que ce qu'ils enseignent sur les univers auxquels ils sont consacrés.

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---DVSM---

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- DVSM, 8 février 2024. À quoi servent les salons...? À faire vivre ceux qui les organisent. Résumé en forme de quasi boutade, applicable à tous les autres métiers de la création. Le pain sert à faire vivre le boulanger, la panne de voiture le garagiste, les congés payés les professionnels du tourisme. Cela va jusqu'aux extrémités encore plus "boutades".; les impôts ne servent-ils pas à faire vivre les fonctionnaires de l'administration fiscale...? Pour les salons, et puisque les communications qui les accompagnent sont produites par ces organisateurs, il n'est pas étonnant d'y trouver tout ce qui décrit, le plus positivement possible, faits et chiffres de leurs événements. Alors que le millésime 2024 vient de commencer, quelques uns de ces "grands rendez-vous" laissent apparaître des réalités nullement cachées dont des prolongements peuvent se retrouver dans des tendances bien plus larges, dépassant les seuls domaines concernés.

Il n'y a que quelques jours, le salon Rétromobile, rendez-vous parisien consacré aux automobiles de collection (lire ICI) fermait ses portes sur un record de fréquentation, dépassant les 130.000 entrées. Sa progression (qui est d'autant plus à noter que l'évènement a débuté alors que le monde agricole n'avait pas encore totalement débloqué les voies de circulation) n'est-elle pas à mettre en perspective avec le Mondial de l'Automobile, jadis salon le plus fréquenté au monde (tous domaines confondus) mais qui a perdu des centaines de milliers de visiteurs en quelques années. Certes, la manière dont les salons sont organisés, annoncés, promus, en résumé, organisés, et parfois des inadéquations dans les stratégies marketing, pèsent probablement dans ces évolutions. Il est cependant impossible de ne pas y voir aussi le reflet d'une discordance entre l'évolution actuelle du monde de l'automobile et ce qu'en attend le public utilisateur. La spirale périlleuse dans laquelle semble être pris l'ex-"Salon de l'Auto", également tributaire d'une prise en compte radicalement différente des grands salons par l'industrie ("les" industries faudrait-il dire) retentit malgré tout comme fort paradoxale au regard d'un attachement en à l'auto qui ne semble pas faiblir.

Outre cette facette sous laquelle Rétromobile est observé, il convient aussi d'en prendre la dimension loisir, en tenant compte du fait que si l'ancienne est un domaine de distraction et de passion solide, il ne concerne qu'une frange de population relativement circonscrite à un périmètre assez limité. Rien à voir avec le jeu vidéo, domaine dont les acteurs eux-mêmes insistent sur le fait que "tout le monde ou presque joue" (et au moins la moitié de la population, sur ordinateurs, consoles et smartphones principalement). Or cette très large implantation n'a apporté à la Paris Games Week de l'automne dernier "que" un peu plus de 180.000 visiteurs (+21% sur un an). Faut-il qualifier de "modeste" le score d'un événement dont les initiateurs avaient revendiqué il y a quelques années des affluences nettement supérieures...? (317 000  pour l'édition de 2019, plus de 400.000 revendiqués pour des cessions plus anciennes) Loin d'oser un jugement sur l'évènement proprement dit, c'est plutôt, comme pour l'automobile, une évolution du jeu dans la société qui se dissimule ici, avec une tendance à la banalisation du ludique numérique. D'ailleurs, sur la même période de 5 ans évoquée, les rangs de la distribution spécialisée ont aussi sensiblement pris un certain recul.

"Si la photo est bonne", disait la chanson. Par rapport aux 130.000 visiteurs pour l'auto du passé, les 35.963 visiteurs comptabilisés (chiffre d'une précision qui indique que l'organisateur met un point d'honneur à avancer un chiffre contrôlable et sans doute contrôlé) sont presque trompeurs. Alors que tout le monde a un smartphone en poche, et donc de quoi faire des prises de vues à tout moment, que pas un jour ne se passe sans que soit offert le spectacle de personnes faisant des "selfies", c'est l'adjectif "lilliputien" qui pourrait germer dans les esprits cherchant à toiser ce score. Signe que la "photo", surtout si, justement, elle est bonne, reste associée à un appareil réellement destiné à cet usage. Et qui a donné au salon la possibilité d'améliorer son score de l'année précédente. En ce qui concerne ce rendez-vous, ce sont d'une part les évolutions d'un marché lié à une industrie dont les scores en une décennie ont fondu d'environ 90% (on imagine que les conditions économiques pour exposer posent les problèmes d'une arithmétique délicate). Le ruissellement n'est pas qu'une illusion, même en marche arrière. Mais comment ne pas songer également à la nécessité d'adaptation pour un moment plus que jamais orienté vers une activité que sur le matériel...? 

Les retours de grands classiques jouent une mélodie porteuse. Personne n'ignore la vigoureuse remontée de certains volets de l'audio-vidéo, notamment par la quasi  renaissance du disque analogique, "vinyle" pour les adeptes. Le "Paris-Audio-Vidéo-Show" était passé par mille et un tourments. Dont un, assez classique pour notre capitale, dans sa pitoyable gestion des lieux d'expositions. Une spécificité très préjudiciable pour les organisations d'événements* même ceux s'adressant à des audiences modestes, comme celle des mélomanes et audiophiles. Ces moments forts aux envergures à taille humaine sont souvent conduites à déménager. C'est ce qui est arrivé à celui qui concrétise la suite du bon vieux Festival du Son, chassé d'un hôtel rasé pour opération immobilière dans l'extrême 15ème arrondissement qui l'accueillait depuis quelques années. Avec son retour au Palais des Congrès, c'est d'un bond de 40% de ses entrées que ce retour, sur un lieu tout de même historique pour lui, qu'il a bénéficié. Et il semble raisonnable d'imaginer que les éditions futures devraient voir s'étoffer cette fréquentation.

- Beaucoup d'autres facteurs influent aussi sur le "calibre" des salons et expositions, comme leur période d'organisation, leur lieu d'implantation, leur durée en nombre de jours, éventuellement de week-ends, etc.

* N'oublions pas que le plus grand rendez-vous des télécoms, professionnel et véritablement d'une portée mondiale, le MWC (Mobile World Congress), qui se tenait jadis à Cannes, a été conquis par Barcelone. Cité catalane qui a vu depuis et par deux fois son site remis en concurrence par les organisateurs. Paris, très efficace pour chasser l'automobile et le commerce, un peu moins pour les détritus et les surmulots, a été incapable, bien que candidate, à conquérir ce point fort d'un univers en pleine effervescence. 

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Tag(s) : #- RÉALITÉS, #- Expos et salons, #- A LA UNE
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