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Au fil des statistiques d’audiences, les rides de la radio s’accumulent, mal dissimulées par des joutes presque insignifiantes entre antennes. 

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---DVSM---

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- DVSM, 17 novembre 2013. Sur Satellifacts ce matin, Michel Denisot ose dans un X (ex-tweet) une remarque aussi simple que pertinente. "Toutes les chaînes affichent des progressions, mais l’audience globale de la radio est en baisse." Bien vu (allusion aux mesures d'audiences venant d'être publiées). Il y a toujours eu (au moins) deux manières d’évoquer la radio. L'une, vieille de plus qu'un siècle, à travers l’incroyable aventure technique qu’elle concrétisait, permettant de se parler à de très longues distances.; et parallèlement, comme un moyen d’écouter des causeries, des radio-concerts... Déjà, contenants et contenus. Puis, comme véhicule des élans collectifs et populaires, comme ceux que déclenchaient le suivi étape par étape du Tour de France, et les initiatives du genre "Si tous les gars du monde", les radio-amateurs pionniers en pleine gloire, paix et solidarité par delà les frontières en bandoulière. Dans une apparente contradiction, les ondes dites courtes ont conquis la pratique des très longues distances*, créant un moyen de voyager loin, très loin. Bercé par le "fading" et les "effets Luxembourg"**, dans un coin confortable de son chez-lui, l’explorateur des ondes s’aventurait, cherchant à capter Sottens, Radio Moscou ou pourquoi pas la Chine. Tandis qu’en famille, des chroniqueurs aux débits acidulés partageaient l’espace avec les héros de feuilletons populaires ou les parodies de chansonniers à la mode.

De l’immédiat après-guerre à l’iPod, certes immense période mais, pourtant, pas même le temps d’une vie, le poste de TSF est devenu le transistor. En France, les vieillissantes Paris Inter et Radio Luxembourg ont soudain buté sur un nouveau né des ondes, la radio des boomers, Europe N°1 (qui sera plus tard simplifiée en Europe-1). Au début des années 60, alors que le téléviseur est encore un objet peu répandu, le Tournoi des 5 Nations, les 24 Heures du Mans se suivent l’oreille braquée vers le Ducretet-Thomson du salon. Mais après le lycée, les ados sont déjà partis dans leur chambre, fidèles au rendez-vous de Salut les Copains. Prélude à une nouvelle étape de la liberté radiophoniquement conquise, quand outre-Manche, les ados, envoyés se familiariser avec la langue de Shakespeare, ont été contaminés à une nouvelle vogue venue des radios pirates, comme Radio-Caroline. C’est aussi avec l'irruption du ton inédit d'Europe-1 que vole en éclat le trop classique "journal parlé", précipité dans l'ère nouvelle par ce flash d’information sonnant les heures, comme jadis l’horloge ou le clocher.

Dans cette compétition imprégnée du parfum des époques hâtivement révolues, la "valeur radio" n’est logiquement plus ce qu’elle fut. Les mesures d’audience la réduisent depuis longtemps à une compétition entre des stations qui se bagarrent à coups de présentateurs plus ou moins vedettes, de programmations musicales ou autres, présumées ciblantes, les classements étant étroitement liés à la bonne ou moins bonne vente d’espaces publicitaires, sanction de… l’audience (ce qui peut dépendre non seulement des programmes, mais aussi du talent des commerciaux de la pub et des affinités avec les média-planners). De surcroît, le mélange dans les classements est quasi onctueux, entre stations généralistes, musicales, thématiques. Comme si, dans l’alimentaire, étaient soupesées dans un mélange bizarre les ventes de poisson, de pommes golden et de farine sans grumeaux. 

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Il y a depuis longtemps, concernant la radio, une similitude frappante avec la télévision, celle de la confrontation entre un programme proposé et des sources où chacun peut aujourd'hui choisir d'écouter (ou regarder) ce qu’il veut, ce qu’il préfère. Et pire, quand et là où il le souhaite...! Bien avant l’heure des plateformes…! En radio comme en TV, ce symptôme n’est nouveau que pour ceux qui n’ont pas vu les usages évoluer depuis des décennies. La précursion était là depuis longtemps. Avec le magnétoscope et le DVD, à la maison (et avant les bouquets), avec les lecteurs de CD ou cassettes dans l’auto. Les magies techniques des temps héroïques se sont depuis et dans une inéluctable continuité noyées dans les méandres numériques.

 Aujourd’hui encore, la dualité entre technique et contenus subsiste. Certains spécialistes ne rêvent que de la voir migrer vers le numérique terrestre, alors que déjà, il est possible de l’entendre par des cheminements fort variés, de la bonne et déjà vieille FM à l’IP, en passant par le smartphone ou la box TV et la connexion sur le Net. Et dans ce qu’on entend dans le poste, une tout autre compétition subsiste, avec chaises musicales de vedettes des ondes. Il reste que plus déterminant encore que la voie technique choisie pour l’acheminer, c’est le contenu qui pilote tout. Si la radio d'hier n'est plus, ce que le quidam écoute est devenu un vaste et parfois cruel panorama tourbillonnant. 

* Plus les ondes sont courtes (il est bien question ici de leur longueur physique, en mètres, décimètres, centimètres...), plus leur fréquence est élevée. Et plus une fréquence est élevée, plus sa propagation s'en va sur de longues distances.

* Les effets tels que le fading (un affaiblissement momentané de la réception) ou l’effet Luxembourg (une sorte de mélange fortuit entre des ondes différentes produisant des perturbations audibles) furent au nombre des charmes de cette réception radio des temps jadis. Un peu comme les paquets de mer fouettant les visages sur les bastingages de marine à voile, ou le crottin parfois «fouettant» sur les chemins bucoliques de la merveilleuse ère du cheval non vapeur…!

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Tag(s) : #- TV-Radios-Medias-Net, #- TENDANCES, #- A LA UNE
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