- AUTOMOBILE : que de paris onéreux et à haut risque dans la transition vers l'électrique...!

2 Août 2023

Vitesse ou précipitation ? En engageant à tout allure des investissements colossaux, l'univers de l'automobile s'est lancé dans un développement qu'aucun grand domaine industriel n'avait jamais engagé en si peu de temps. Casse cou...?

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- DVSM, 2 août 2023. Courir sur un pont qui est en train de se construire... Cette formule connue résume tout. N'arrivera-t-on pas prématurément sur une section de l'ouvrage d'art non terminée, qu'il convenait d'aborder d'une autre manière.? Il n'est même pas question, par cette observation, d'envisager un échec de cette automobile électrique. Qui serait autant catastrophique pour ce que l'on cherche à abandonner imprudemment que pour le futur envisagé. A l'heure présente, les initiatives se multiplient sur la mise en chantier d'installations de production gigantesques, notamment pour les batteries, mais pas seulement. Des nations se précipitent dans des contextes de nécessités divers, où les impatiences politiques à développer ou faire renaître des tissus industriels pèsent lourd. Pour les groupes industriels, le moteur est davantage la peur, celle d'être dépassé (ce qui va d'ailleurs se produire pour certains, les grandes transitions générant presque toujours des effets dévastateurs). Pourtant, l'automobile mue aux électrons en est encore à ses débuts. Si Tesla commence à bien maîtriser le sujet et domine ce créneau, la très grande diffusion est loin d'être atteinte. Les taux d'équipements sont encore assez modestes, et le profil des acheteurs étant limité tant par des contraintes budgétaires que par des modes d'utilisation, encore à des années-lumière de l'usage courant -et très polyvalent- bien enracinés avec les véhicules classiques. Dès lors, il est presque inévitable que des progrès importants, capables d'aller jusqu'aux ruptures technologiques majeures, soient accomplis, au risque de rendre obsolètes une bonne part de ce qui se développe au pas de gymnastique. Ce d'autant plus que le doute peut aussi s'installer chez les consommateurs, ne serait-ce qu'en raison des augmentations spectaculaires de l'électricité et des longs délais pour en envisager une éventuelle diminution sensible (en particulier à cause du temps nécessaire pour construire ou reconstruire un réseau de centrales nucléaires, à condition d'ailleurs que personne ne s'y oppose). Jamais les grandes innovations n'ont été menées à une telle cadence, et jamais elles n'ont échappé à des transformations nées des retours d'expérience qu'une utilisation naissante ne peut apporter, et des découvertes scientifiques. Le tout en sachant que le recours à l'électricité impose pour chaque kilo ou tonne propulsée plus d'énergie qu'avec les motorisations thermiques. Si quelque déboire se révèle dans le futur, faudra-t-il parler des conséquences d'une volonté d'aller plus vite que la musique, ou aura-t-on recours à cette expression un peu hypocrite, l'accident industriel...?