Au début des années 60, la télévision cesse progressivement (très) de n'être qu'une, et met son râteau dans la multiplicité des chaînes.
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-- DVSM, 22 février 2023. Confluent des années 61-62. Richard Anthony avait chanté tout l'été l'histoire d'un train qu'il entendait siffler. Doucement, le "Français moyen" s'équipait. Réfrigérateur, lave-linge, automobile, c'était le grand décollage des acquisitions de biens durables. Et dans la corne de cette abondance moderne, est arrivé un objet qui transforme tout logement en un incroyable poste d'observation du monde et de ce qui y vibre. Et en salle de spectacle, de surcroît. Certes, les premières salves d'équipement TV en France ont déjà une dizaine d'années. En 1953, certains privilégiés avaient même pu voir en direct le couronnement de la reine d'Angleterre. Mais ce n'était que "la" télé, l'unique. Par une seule fenêtre, on ne voit qu'une fraction du monde extérieur. Sauf que cette vision monolithique touche à sa fin. Roulements de tambours, on ne respire plus, l'événement historique approche. Un second canal va faire son entrée en scène. Et comme pour en soutenir l'avènement, le téléviseur se doit de s'affirmer prêt à répondre à cette mutation fondamentale. "Deuxième chaîne ready" dirait-on sans doute de nos jours, alors que tout individu qui se veut dans l'air du temps "Shakespearise" un peu de son vocabulaire. Mais cette fenêtre du salon ne va pas s'ouvrir comme brutalement soufflée par une violente bourrasque. Il lui faudra 5 ans pour commencer à troquer les nuances de gris contre une palette façon arc-en-ciel (10 ans après la TV américaine). Il lui faudra même deux décennies pour aller au-delà d'un duo à peine étoffé par un troisième canal se propageant à très petite cadence. Il reste que ce moment d'un futur s'affranchissant du spectacle unique s'est largement laissé annoncer pour le consommateur par les perspectives du matériel vantées à chaque occasion publicitaire. L'ère glorieuse du rotacteur et du tuner UHF venait de commencer. Les pros ont vécu sans grande difficulté cette phase commode, ignorant alors que bientôt, il faudrait dompter les convergences, ce qui serait une acrobatie beaucoup plus exigeante (convergences des couleurs, pas encore des sources).
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