Ça va mal, mais c'est chez tout le monde, donc ce n'est pas grave...! Ne jamais tenir ce très mauvais raisonnement. Explications...
- DVSM -
- DVSM, 12 février 2023. En dépit de quelques échos passagers faisant état d'indices plutôt ponctuels orientés dans le sens d'un retour vers des niveaux d'affaires d'avant Covid, constater que le commerce tourne actuellement d'une manière chaotique n'a rien d'une découverte. Dans de telles circonstances, nombre de professionnels ont souvent la faiblesse de considérer que les dégâts sur le CA et la profitabilité ne sont pas trop préoccupants, puisque la mauvaise situation est subie par tous. Optimisme bien mal inspiré. "Ce n'est pas ma faute donc tout va bien" est une piètre consolation, à double tranchant. En effet, lorsqu'une entreprise connaît des difficultés dans un climat général correct, cela signifie que les sources de ses tracas sont d'origine essentiellement interne. Ses dirigeants ont alors le plus souvent le pouvoir d'adopter des mesures capables de rectifier la dérive. Dans un état éco-conjoncturel dégradé à très grande échelle, pas un chef d'entreprise ne peut à lui seul corriger la situation. Certes, un contexte compliqué peut parfois donner à des décideurs bien inspirés des opportunités aptes à en tirer profit. Mais la réalité la plus concrète, déjà constatée dans des turbulences du passé, est que les dommages sont rarement minimes et laissent des cicatrices. Avec des effets à retardement. Le capitaine d'un navire qui connaît des avaries peut organiser les réparations ou le changement de cap nécessaire vers un abri. Mais si, furieuse, une impitoyable tempête s'en mêle, les choses se compliquent.
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La crise actuelle est-elle plus grave que celles déjà vécues...? Bien difficile à établir, ce diagnostic impose toutefois, pour les segments EGP, photo, télécoms et univers numérique, de prendre en compte des éléments que les épisodes précédents -tous différents- ne comportaient pas. Plusieurs de ces éléments constituent des données inédites laissant planer le doute sur le futur. D'emblée, tout ce secteur est "frappé" par des niveaux de saturation (taux d'équipements) qui laissent peu de chance à une croissance significative de rejaillir à court terme. Parallèlement, ce secteur d'activité a vu fondre comme neige au soleil le nombre de produits à vendre dans ses rayons ou sur ses pages en ligne (nous les avons souvent énumérés). Certains, comme les consommables (cassettes audio et vidéo, disquettes, films photo...) pénalisant le trafic vers les points de vente ou les sites marchands. Ensuite, l'évolution démographique, avec plus de personnes âgées, et moins de consommateurs jeunes, établit pour tous les domaines de la consommation un virage amplifiant les replis (ils sont d'ailleurs constatés dans les chiffres révélés en ce début d'année). Enfin, si l'épisode turbulent de la réforme des retraites ne restera probablement que comme un mauvais moment plutôt passager (même s'il devait entraîner une crise politique profonde), on ne peut en dire autant de la situation internationale. Non seulement le conflit ukrainien s'est installé dans la durée, mais il serait hasardeux d'en exclure de possibles extensions. Survenant après deux années très impactées par la situation sanitaire, nombre de spécificités de cette période tendent à laisser estimer que la crise présente, hormis la guerre sur notre territoire, flirte avec les sommets des conditions les plus épouvantables vécues depuis longtemps.