ROBOTS : sauveurs ou destructeurs, entre les deux, le cœur de l'homo-sapiens balance...

Les robots que l'on attendait n'arrivent guère. Et leur réputation n'est pas au beau fixe. De l'entreprise au foyer, le virtuel individu intelligent, n'évoque plus le chien, mais le lapin. Pas crétin, mais destructeur.

- DVSM, 17 novembre 2022. A quoi servent les robots ? Dans les films de science-fiction, leur rôle est souvent de faire peur. La faute en incombe aux auteurs, jadis relevant exclusivement du camp de la science-fiction, et trop concentrés sur la double aptitude attribuée à ces héros métalliques d'être à la fois invincibles et animés par de monstrueux penchants. Dans la pratique, on retombe d'un cran. Non sans se plonger dans l'océan des contradictions. Par exemple, face aux gestes fatigants et répétitifs de l'industrie, ils apportent le soulagement. Mais dans cette même industrie, ils suppriment les emplois, laissant des individus se perdre dans la misère et l'échec supposé. En effet, un excellent ouvrier, cumulant talent et expérience, se sent devenir fainéant et bon à rien dès qu'un robot le remplace "avantageusement". Ce qui veut dire travaillant sans grogner en "3x8", sans jour de repos, sans grève et même sans attraper ni grippe ni improbable Covid. Problème industriel.? Dérive typiquement patronale.? Voire. Amazon travaille d'arrache-pied au remplacement probable de ses intervenants par des... robots. Confirmant cette idée séculaire d'un homo sapiens qui cherche sans cesse à s'auto-remplacer, sans que l'on sache réellement si c'est pour gagner plus ou pour assumer une certaine paresse. 

Le toutou de Sony (ici en nouvelle version, aurait-il trop promis sans le vouloir ?

En l'an 2000, donc il y a déjà presque longtemps, la perspective de voir notre monde se peupler jusque dans les fonctions domestiques de quantités de ces robots. Force est de constater qu'à quelques exceptions près, ils jouent les Godot, voire même moins que cela. Car au moins, ce héros attendu à l'infini par le truchement de l'imagination de Samuel Beckett joue un rôle actif dans l'intrigue dont il est le centre. Pire, on baptise du titre de "robot" des quantités d'équipements qui sont, au mieux, seulement qualifiables d'automates. Aux aptitudes certes infinies comparées à celles des créations de Robert Houdin. Mais seulement grâce à l'intervention des microprocesseurs et des techniques telles que la synthèse vocale, la détection visuelle et autres manœuvres liées aux senseurs qui y sont intégrés. Si des laboratoires de R&D de certaines firmes ont bien été capables de créer des êtres très impressionnants dans leur similitude avec nos semblables, le vague des robots à vendre à tout le monde végète.? Aspirateurs, tondeurs de gazon et instruments culinaires ne sont que de pâles amorces (néanmoins utiles) d'un futur pas encore conquis. Alors, où cela coince-t-il.? 

Il y a 22 à 23 ans, dans les innombrables interventions de spécialistes de la prospective, l'arrivée des robots était qualifiée d'inévitable et même d'imminente. Pas ceux de l'industrie, déjà à la tâche. Pas davantage destinés au commerce, selon l'initiative présente diversement appréciée d'Amazon. Mais pour tout le monde. Deux éléments font défaut pour cette éclosion. La première est technique. Rappelons-nous de cette époque où les assistants personnels, pour lesquels les applications autres qu'un prolongement d'affichage de l'ordinateur, ne faisaient guère envie, faute d'applications réelles et motivantes. La réalité a été révélée quelques années après, quand les moyens de "télécommuniquer" vite et lourd (en données) ont donné vie au fils naturel de l'assistant, le smartphone. Pour lequel les usages ont alors été imaginés, créés, ce qui se poursuit aujourd'hui encore. Les robots pour tous suivent un même cheminement. Si pour l'heure, 5 et 6G semblent ne s'adresser qu'à des fantasmes peu commercialisables, ces versions futures associées aux super processeurs, en développement avancé, devraient tôt ou tard autoriser des montées en usages aussi marquantes que celles qui ont séparés les assistants des mobiles intelligents les plus performants. Pas encore là, mais ils arriveront. Quand ? Au moment où personne ne les attendra réellement, et alors que nombreux seront ceux qui douteront de leur utilité.
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