Les périodes se suivent et les incitations changent. Le frais devient l'objet d'un mélange de show puis d'effroi, les thermomètres ne sont pas loin de remplacer les radars.
- DVSM, 7 octobre 2022. En France, on n'a pas de pétrole (mensonge), mais on a des idées (à vérifier). Trop d'idées peut-être, et trop changeantes, comme le rappelle l'histoire énergétique de l'Hexagone depuis l'après-guerre 39-45. Dans le commerce, on rêvait cet automne d'une clientèle sereine et heureuse, c'est manqué. Les graves soubresauts entre Russie et Ukraine ont depuis quelques mois eu la propriété de réveiller des soucis qui, déjà, couvaient comme une braise incendiaire sournoise, prête à tout embraser. C'est fait, et a relancé plus vigoureusement que jamais, cette vision pour le moins lunatique des ressources permettant de se véhiculer, de s'éclairer et de se chauffer. Et de nourrir les envies de conseiller ou même "dictatoriser" le commun des citoyens. Au début du printemps 2022, le sujet s'est retrouvé balloté entre les "nécessités" élémentaires (une notion devenue hautement politique), les préoccupations pour l'environnement, et celles plus ou moins démontrées liées à un possible réchauffement climatique, le tout coiffé des incidences énergétiques d'une numérisation connectée galopante. Nous n'en sommes plus dans ces prémices. Certains affirmaient que l'automne serait chaud, il pourrait au contraire être frais. Y compris dans le CA d'une distribution qui rêvait d'une clientèle sereine, ce qui est d'ores et déjà manqué.
De leur impressionnante stature, ils dominent le quartier, et se voient de loin. Vu d'un regard constitutionnellement précautionneux de ce début de 21ème siècle, le plus étonnant est qu'ils ne font même pas peur. Et pourtant, ces gazomètres (photo) contiennent des millions de mètres cubes de ce jadis célèbre et très utile "gaz de ville", hautement explosif, qui fut longtemps non seulement celui animant les réchauds et cuisinières, mais aussi l'éclairage des rues, des cafés... Produit en brûlant du coke (rien à voir avec "la" coke -prononcer "côôôke"), résidu charbonneux venu des aciéries et de leurs hauts fourneaux, ce gaz et son géniteur, le charbon, constituent l'essentiel de l'énergie domestique au moins jusqu'au début des années 60. Alors que l'atome et l'Atomium est devenu le monument phare de l'exposition universelle de Bruxelles (en 1958, une projection prémonitoire) des places de villages et de bourgades de France s'égaillent au gré des apparitions de caravanes promotionnelles vantant la (slogan) "chaleur charbon". Non sans quelques inconvénients. En 1963, un hiver plus rude que de coutume gèle soudain les canaux. Les péniches sont immobilisées. L'Ile de France frissonne sous les effets de graves pénuries. Déjà.! Les consommateurs "défricheurs", malins et avisés, qui avaient opté pour un chauffage central au charbon, réfléchissent et décident. Ils font convertir leur puissante chaudière Ideal-Standard charbon au fuel domestiqué. Quel bonheur...! Finie la corvée des cendres, le charme du mâchefer (qu'il faut sortir du fond de la chaudière). De plus en plus, la houille broie du noir. Mais rien n'est éternel. La roue tourne et, à son tour, le Proche Orient s'échauffe. Le pétrole ne manquait pas (il ne manque toujours pas), mais ses tarifs virent à l'écarlate. En 1973, les choses sont vite résumées, il faut tout changer. L'électricité devient la solution. Insuffisants, les barrages et leur houille blanche vantée à l'école des enfants du bébé-boom passe le relais à l'énergie de l'atome. Les conseils incitatifs nouveaux sont arrivés. A la télé, qui se regarde de plus en plus en couleurs, "Electrique", trop banal et en rien patriote, se dissimule derrière l'exclamations (slogan) "Nucléaire...!". Comme l'effusion d'un jour de gloire. Au début des années 1980, le cours du baril d'or noir qui coûtait cher retombe à la piteuse manière d'un soufflé raté. Hier affalés à la terrasse du Carlton, les rois du pétrole se replient sur un petit noir debout au comptoir du café-tabac-PMU, en face de la gare de Cannes. L'attrait de l'électricité aussi chute en tension, d'autant plus qu'à l'heure où le Mondial-1986, à Mexico, fait vibrer le stade Azteca, la centrale de Tchernobyl explose, son nuage se propageant encore plus que les migrants d'aujourd'hui, ce qui n'est pas peu dire. Logique, gazole et mazout redeviennent l'un des "must". Le gaz est pour sa part devenu naturel, sorti d'un Lacq bien de chez nous. Et la chaudière murale, propre et sans le délicat parfum du mazout est plébiscité. Chacun connaît la suite (jusqu'à l'instant présent). Et chacun comprend que ceux qui ont vécu déjà quelques décennies commencent à en avoir plus que "ras la casquette" de ces revirements, toujours accompagnés d'évaluations des investissements nécessaires et de leur amortissement. Parmi eux, ceux qui, après les gilets jaunes, après les agitations de fin 2019 pour la réforme des retraites, après la douloureuse épidémie, tentant d'oublier les nervosités russes, croyaient revenir vers les linéaires. Aïe...!