L'automobile imaginée autonome vient de prendre un grand coup en pleine face. Deux groupes majeurs enterrent cette idée dont on se demande si elle est bien raisonnable.
- DVSM, 29 novembre 2022. Les "concept cars" aux profils futuristes semblent vouloir annoncer une voiture promise au statut de robot de déplacement. Rêve, réalité, ou chauchemard...? Alors que, depuis quelques temps, étaient relatés des incidents ou accidents impliquant des automobiles "autonomes" (notamment de Tesla) sous auto-conduite, les experts de la sécurité et les juristes cultivaient le doute. Sentiment qui perdure puisque l'idée reste présente chez certains industriels. Au-delà de la complexité des techniques à mettre en oeuvre pour un fonctionnement 100% sûr, se profile déjà l'inextricable difficulté dans la désignation d'un coupable en cas d'accident. Sauf que ce futur devient soudain bien incertain. Dans un très petit entrefilet, le quotidien Les Echos indiquait il y a quelques jours l'abandon de ce genre de projet par deux géants, Ford et VAG (Groupe Audi, Volkswagen, Seat, Skoda, Bentley...). Une mise à la corbeille de cette perspective par l'arrêt pur et simple du financement d'un joint-venture qui avait été bâtie dans cette vision futuriste. Il est probable que, suite aux investissements rondelets déjà engloutis dans ce dossier, les réflexions préalables à ce renoncement n'ont pu être que mûrement réfléchies. Demi-tour qui peut cependant se comprendre. L'industrie a déjà pas mal de défis à relever face aux circonstances que le thème des ressources énergétiques lui impose, en partie pour des raisons dogmatiques, seul écueil que la technique ne peut contourner. Il est cependant limpide que l'automobile autonome entrainerait au minimum de sérieuses difficultés sur le plan sécuritaire. Inimaginable en effet que des automobiles puissent circuler sans qu'elles ne soient sous la surveillance constante d'un individu compétent, en clair, d'un... conducteur. Même les rames de métro automatiques, qui circulent pourtant sur des voies bien déterminées, sont en permanence sous contrôle humain. Pire, les retours d'expérience du monde de l'aérien, où l'automatisme est presque seul à bord, démontrent que ce sont dans les circonstances les plus extrêmes que la nécessité d'un intervenant rompu aux gestes intuitifs les plus prompts s'avère capitale. En marge des simulateurs (indispensables) et des nombreux dispositifs embarqués, il faut aussi un pilote n'ayant rien perdu du "pilotage aux fesses" pour que la sécurité soit réellement optimale. La traduction de cette nécessité revient à dire que, autonome ou pas, il faudra encore longtemps un conducteur responsable au volant, non alcoolisé, non influencé par des substances stupéfiantes, capable de reprendre en mains dans le milliardième de seconde toute auto confrontée à une occurrence imprévue. Alors, autonome, à quoi bon...?
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A première vue, ces critères sécuritaires paraissent quand même éloignés d'un renoncement à l'autonome. Ils ont pourtant un rapport direct dans ce qui rend ce marché potentiel peut-être beaucoup moins prometteur qu'il n'y parait, la véritable raison de l'abandon. Ce d'autant plus que l'automobile est aussi soutenue par un attrait de la conduite et des passions qu'il serait erroné de sous-estimer. De la ligne aux ronronnements des cylindres, de l'association aux bons moments de l'existence (vacances, tourisme...) et au plaisir d'un chez soi entre la maison et le lieu professionnel, en passant par l'assimilation des sensations extrêmes (sportives) à l'établissement d'un statut social, l'auto est un ingrédient essentiel des marchés unissant dans une incontournable complémentarité entre nécessités et envies. Sans cela, l'auto n'est plus l'auto.
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