En peu de temps, les certitudes en matière de conversion énergétique de l'automobile se sont mises à basculer. Sous des influences diverses, mais utilement complémentaires.
- DVSM, 19 octobre 2022. Il est parfois difficile de discerner, dans un ciel couvert, l'amorce d'un fugitif rayon de soleil annonçant l'éclaircie. Cela commence dans un salon de Paris ou quelques grandes idées se rencontrent. Et s'entrechoquent. Même si l'écho de cette collision reste pudiquement atténué. Les observateurs attentifs n'ont cependant pas manqué un échange plus ou moins direct qui, en outre, semble prolonger une remarque émise par l'industrie automobile allemande. Pour résumer, le passage à l'automobile électrique pour 2035 s'avère concrètement très irréaliste, pour ne pas dire impossible. Ainsi, alors qu'Emmanuel Macron se lance dans sa prophétie Don Quichottesque de 30% d'électriques vendus dans 4 ans et demi ("la fin de sa mandature" souligne-t-il), le patron d'un industriel de chez nous reprend en substance et à son compte la remarque des constructeurs d'outre-Rhin. Laquelle se résume par "il faut plus de temps", avec la sage suggestion d'un passage par des étapes intermédiaires, dont l'hybride rechargeable. Carlos Tavares, c'est de lui qu'il s'agit, en laissant filtrer ce message, ne fait pas un bruit insignifiant, bien au contraire. A la tête de Stellantis, il s'exprime au nom de la petite quinzaine de marques qu'il dirige, dont les clés de voûte de PSA, Citroën, Peugeot, DS, mais aussi et notamment depuis les fusions, d'Opel, de Fiat, de Chrysler, de Jeep, assez pour que les échos de sa position soient perçus au moins dans l'ensemble de l'occident, Amérique latine incluse. Cette position n'est cependant pas seulement exprimée au regard des aptitudes du parc (français comme international) à se renouveler, d'autant que les voitures électriques restent encore horriblement chères et toujours d'une utilisation fort mal adaptée aux usages attendus par les utilisateurs, à commencer à cause d'autonomies trop limitées.
Toutefois, cette remarque d'un responsable parmi les plus éminents de planète est loin d'être le seul élément nouveau dans le dossier. Doucement, mais désormais jusqu'aux plus grands médias, arrivent (enfin) l'étalage de quelques points clés d'un constat limpide.: les très contestables qualités écologiques de l'électrique. "Non polluante l'électrique.? Mon œil.!" ne peut objectivement que s'exclamer tout individu attentif à quelques détails. Par exemple, la fabrication des batteries (matériaux rares) et leur poids, imposant des structures de véhicules allégés très énergivores dans leurs processus de fabrication, constituent un mécanisme pernicieux, en tête des griefs légitimement soulevés. D'autres voix s'étonnent de cet emballement pour un courant que par ailleurs, on se prépare à rationner dans des fonctions domestiques essentielles (chauffage, usages sanitaires, cuisson), pour éviter les ruptures. Et plus discrètement, voilà que surgit l'hydrogène, qui pourrait largement rebattre les cartes. Quelques très rares stations-services en France sont récemment devenues opérationnelles. Et déjà, se dessinent les contours d'une possible solution plus flatteuse, associant les ressources dites renouvelables. Si les panneaux photovoltaïques et les éoliennes sont fort mal pratiques pour un usage direct "production - utilisation", ils pourraient en revanche être utilisés pour produire un hydrogène stockable au long cours. Ceci impliquant un retour des concepteurs d'automobiles vers leurs services de R&D, l'hydrogène autorisant des recharges comparables à celles des carburants pétroliers, et donc une réhabilitation des automobiles moins légères. Il reste cependant à estimer ce que peut coûter cet hydrogène automobile (pour le moment, assez cher), et planifier une transition complexe des infrastructures de ravitaillement. Autant de phases à ne surtout pas conduire à une vitesse que rien n'impose, sauf des pressions électorales bien identifiées. Entre la naissance d'un projet de véhicule et sa mise en commercialisation, il faut de 5 à 7 ans. La transition thermique-électrique peut s'accomplir, si elle s'avère réellement utile, sans que les constructeurs aient un couteau sous la gorge.
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