Certes, de multiples facteurs conjoncturels n'arrangent rien à l'affaire. Il reste que l'électronique grand public est aussi à la peine parce qu'après avoir tant promis (et réalisé) le "champ des possibles" s'est très sensiblement réduit ou, plutôt, décalé.
- DVSM, 20 septembre 2022. Un sympathique petit matou souvent à l'écran nous fait tous craquer. Samsung, dans une publicité TV, l'imagine conviant ses amis pour faire des selfies, grâce à un smartphone pliant qui tient tout seul. Amusant mais, pardon pour cette remarque un peu rabat-joie-: quelle bien modeste promesse pour des consommateurs qui ont, depuis quelques décennies, vécu des révolutions dans le son, l'image et le partage à distance en temps réel de tout et davantage, dans l'immense maillage des télécoms et des réseaux dits sociaux. A bien y réfléchir, les attentes (besoins dit-on en marketing académique) recensées mais non satisfaites commencent à se faire rares. Le rêve, si fréquent dans les argumentaires, l'immersion, terme très impropre à ce qui n'est en général que la pâle transposition d'une stéréoscopie à peine sublimée (la réalité virtuelle a ses limites) sont des notions plus creuses pour le public que certains l'imaginent. La réalité est impitoyable. Le bon son, c'est acquis. L'image que l'on regarde de très grande qualité (aux limites des capacités de la discrimination oculaire), c'est banal. S'envoyer des clichés de la plage entre parents et amis, autour de la table du restaurant ou aux antipodes, rien de plus facile. L'écran si plat qu'on pourrait l'accrocher au mur comme une vulgaire Joconde, c'est du concret depuis deux décennies. Et même, regarder sur cette dalle aux noirs profonds ce que l'on veut, quand on le veut, c'est fait. Ce qui est fait n'est plus à faire. Alors, que proposer de plus, de mieux-? Cette question résume toute la problématique de ce qui fut durant près d'un demi-siècle, pour simplifier, du couronnement de la reine d'Angleterre (1953) à ses obsèques, l'épanouissement de ce vaste domaine de l'EGP, du numérique et des télécoms. Céremonies qui viennent de concrétiser hier lundi la résurgence des très grandes audiences planétaires (nous y reviendrons très vite).
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Dès lors, inutile de se démoraliser à la lecture des chiffres, volumes, recettes, qui ne peuvent qu'être imprégnés d'une teinte morose à pleurer. Seul remède possible : oublier cette manne du toujours plus, et inonder rayons, linéaires et moquettes d'un toujours mieux largement expliqué et concrètement démontré. Ce qui, dans les enseignes, n'est que bien peu perceptible. Un possible panurgisme semble régner sur un royaume désuni dans une étrange obstination à vouloir reproduire un passé qui ne reviendra pas. A l'heure où fleurissent les foires aux vins, chacun constate que ces campagnes rituelles ont dans une large mesure dopé les ventes de crus meilleurs, plus chers, même si le panorama reste celui d'un moment extrêmement promotionnel. Preuve que, en toutes choses, le mieux peut aussi apporter du plus dans un courant d'affaires.