Entre opérateurs de télévision, les choses se compliquent. Fusions projetées, recours aux tribunaux, transmissions coupées, la surcharge de l'offre et la rencontre entre TV classique et univers numérique provoquent des remous d'ampleur.
- DVSM, 14 septembre 2022. L'atmosphère n'est pas encore totalement explosive, mais elle risque fort de le devenir. Un peu occultée par des événements qui monopolisent les attentions, la collision entre un monde TV d'hier et l'effervescence du présent commence à se faire sentir chez les consommateurs. Il ne faut pas avoir peur des mots. C'est bien le trop plein qui génère cette phase dans laquelle ce que, dans le monde du business, s'appelle pudiquement "rationalisation". En France, les tensions entre le groupe Canal et TF1, soudainement sorti des canaux véhiculés par le plus ancien des bouquets, ont fait jaillir aux yeux de tous cette tendance conflictuelle. Le recours aux tribunaux dans la perspective de la fusion entre TF1 et M6, autre dossier sensible, moins spectaculaire pour le grand public, apporte quand même son pesant d'émotion. Les manœuvres auxquelles les uns et les autres tendent, de gré ou de force, à se plier, révèlent un secret de polichinelle. Il y a une surabondance dans l'offre télévisuelle dite "linéaire", la bonne vieille TV de programmes. Si, à la rigueur, le public n'en est que peu gêné, il n'en va pas de même pour les acteurs de ce secteur d'activité. La concurrence semble bel et bien avoir émoussé les tarifs des écrans publicitaires. Lesquels, dans l'espoir d'une compensation, se multiplient, agaçant de téléspectateur. Il est 21h12, et sur cette grande chaîne, les vrais programmes de la soirée n'ont pas encore commencé. Marre...! Comment ne pas être tenté d'aller voir ailleurs.
------
Et justement, cet "ailleurs" n'a cessé de se développer, sous de multiples formes, répondant toutes à un nouveau (enfin presque) venu : le numérique. Des plateformes au visionnage de sites tels que YouTube, non seulement la variété est amplifiée, mais la souplesse dans le choix aussi, à tout moment. Regarder ce que l'on veut, quand on veut, quel bonheur ! Arithmétiquement, pour un nombre à peu près inchangé de ménages et donc de téléspectateurs, cette atomisation des "choses à voir" émousse inéluctablement le nombre d'individus face à chacun d'elles. Et donc, émousse aussi les recettes possibles au regard de l'audience. Qu'on ne s'y trompe pas, des évolutions comparables sont observées sur de nombreux territoires. Outre-Atlantique, par exemple, les chroniques se suivent dans les médias, révélant des replis en farandole pour cette TV linéaire ainsi que la télévision payante. Les bouleversements à venir ne seront pas forcément seulement anecdotiques. Pour l'Hexagone, le nombre de "grandes chaînes généralistes" rend très compliqués les équilibres économiques. Une véritable révolution est en marche. Laquelle ne sera pas sans conséquence sur les structures des ventes d'équipements. Attention, virage dangereux !