DE LA LUNE à la fin d'un règne, les audiences planétaires comme des repères de l'histoire...

 Selon certains analystes, les funérailles d'Elisabeth-II d'Angleterre ont rassemblé plus de spectateurs que jamais auparavant, devant les écrans. Mais tous les chiffres ne sont-ils pas aussi très relatifs, indissociables des époques, des attitudes, des comportements et plus encore...?

- DVSM, 20 septembre 2022. Le dernier vrai record en date remonte à l'année 1969. Il y a 53 ans, par une nuit d'été, la France veille. Captivés par une palpitante aventure, les familles font comme dans de nombreux lieux de la planète. On en dénombrera 600 millions à observer, médusés, un citoyen américain posant le pied sur la lune. L'audience -remarquez comme ce terme est devenu depuis élément clé du jargon des pros des médias- pour les funérailles de sa Gracieuse Majesté est évaluée à 4 milliards de terriens. Selon les statistiques relatives à la population terrestre, qui s'évalue actuellement à pratiquement 8 milliards de quidams, voilà que vient à l'esprit ce qui est presque une déception. Un individu sur deux, sur le globe, n'a pas pu ou voulu voir ce spectacle, soit parce qu'il n'a pas de téléviseur, ou encore pas de diffusion accessible, soit qu'il avait autre chose à faire. C'est beaucoup, presque énorme. Il est cependant bien difficile de comparer le poids historique de deux événements aussi différents que l'astronaute mettant le pied chez l'Ami Pierrot et la fin d'un règne que presque tous les vivants ont connu toute leur vie (et au moins tous les baby-boomers). Mais il est tentant d'enrichir la comparaison sans tenir compte d'éléments collatéraux essentiels. Ainsi, lors du couronnement de cette même souveraine, c'est tout simplement le récepteur TV qui n'était pas encore entré dans plus que quelques foyers privilégiés, spécificité associant un niveau de vie, un intérêt justifié éventuellement professionnellement, et le simple fait d'être dans l'une des rares zones couvertes en diffusion. En 1953, pour la première Eurovision, il est probable que tous les possesseurs, 100%, d'un récepteur ont regardé les cérémonies. Pour l'alunissage de 1969, c'est déjà différent. Avec une population terrestre de 3,6 milliards d'âmes, le décompte des "regardants" indique un taux de possession qui a beaucoup progressé, mais rappelle que des continents entiers ont tout simplement été privés d'un spectacle par des pouvoirs autoritaires décidant de ce qui pouvait être connu ou pas de l'actualité mondiale. En 2022, les réseaux sociaux et d'autres capillarités numériques ont mis la narration imagée (retransmission TV pur flux ou infos à son propos) à la portée de pratiquement tout le monde, au sens "monde" de l'expression, sauf ce fameux niveau de vie. On en est là, non sans noter que, passé l'alunissage, les missions suivantes vers la lune sont très vite tombées dans l'indifférence, et qu'après presque 10 jours d'un suivi sans trou du deuil britannique, certains en avaient déjà assez, et ont préféré regarder Columbo. Ainsi va la vie...