Si l'espoir de faire renaître une activité commerciale sereine et animatrice est encore présente dans les esprits, les chances de relever ce défi s'amenuisent. Vers un non-retour inévitable ?
- DVSM, 27 septembre 2022. Il aurait pu être considéré que tout ou presque avait déjà été dit à propos de la migration vers les périphéries des activités d'hier, richement nourries au gré des avenues, rues et places de nos villes, petites ou grandes. Inutile de revenir sur la mortification des artères si animées dans un passé devenant lointain. Ni de souligner que ce sont bien les clients qui sont partis vers ces zones péri-urbaines, où il est commode de se rendre, de se garer, de trouver tout en un seul lieu. Le commerce intra-muros n'a fait que doucement s'éteindre, faute de clients, et donc de recettes. A présent, on ne peut que mesurer l'immense incompétence et l'imprévoyance crasse des équipes municipales de ces époques qui n'ont pas compris, il y a bien longtemps, qu'il fallait tout faire pour attirer et accueillir le "grand commerce organisé" au cœur des zones déjà actives, et non le laisser déployer ses atouts ailleurs. C'est ce qui a, dans des contextes certes différents, été largement adopté sur le terrain allemand.
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N'a-t-on pas tendance à oublier trop facilement les évolutions d'ampleur que la société a subi en France, au cours -environ- de ces 30 glorieuses. Entre la Saint Sylvestre de 1959 et celle de 1979, les ménages sont passé de 70% non motorisés à près de 80% équipés d'au moins une automobile. (Au moment où des élus ont eu pour "judicieux" réflexe de vouloir chasser l'auto et ses occupants). Au cours des années 60 et 70, entre 4 et 5 millions de femmes, avant cela "au foyer", sont parties travailler, certes pour s'émanciper, mais aussi et surtout pour "émanciper" financièrement un nécessaire en équipement domestique. La lessive sans les tours de reins, la vaisselle devenant propre pendant que l'on regarde la télé, c'est du confort et du progrès. Mais la conquête de l'électroménager et des biens de divertissement n'a jamais été une conquête gratuite. Elle a imposé des rythmes de vie différents.
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Mais alors que le Covid et assommé la vie et l'économie, alors qu'un russe belliqueux a fait ressurgir une inflation que les moins de pas mal d'années n'avaient jamais connu, une dérive supplémentaire, prévisible, mais combattue à l'envers, vient encore assombrir le tableau déjà noir (!) de nos grandes et petites métropoles. En partant ou en se désagrégeant, le commerce laisse des quartiers dévalorisés, aux murs invendables, inlouables, non réhabilitables. Il n'y a pas de meilleure condition pour que s'installe le squat, l'insécurité, les trafics douteux. Et l'actualité met en lumière cette dérive qui s'amplifie. Ambiance glauque que l'obligation -stupide car presque sans efficacité- d'éteindre les lumières pour économiser des watts ne peut qu'amplifier. Il ne faut pas confondre "éviter le naufrage" et "renflouer les épaves".