Tradition allemande, les salons se confondent encore un peu avec les effervescences estivales. Le jeu vidéo ouvre le bal cette semaine, mais globalement, les perspectives pour certains grands événements sont plus que jamais en demi-teinte.
- DVSM, 22 août 2022. C'est encore l'été. Et rien ne peut se soustraire à ce qualificatif agréable : "estival". Après sa soirée d'ouverture de demain, 23 août, le salon Gamescom ouvrira ses portes à Cologne. Ses organisateurs n'ont pas ménagé leurs efforts pour en faire, au moins médiatiquement, un nouveau moment particulièrement fort. D'ailleurs, leurs communiqués sont coiffés d'un terme qui respire le positif : "complet". A peine face à une légère bise rafraichissante. Outre-Rhin, les dernières informations sur ce marché faisaient en effet état d'une petite forme pour ce marché, constatant une situation quasi étale. Pas de grande et puissante croissance, ce qui peut se comprendre en raison de la conjoncture. Bon, on fait comme d'habitude...
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L'été, c'était le moment idéal pour Berlin et l'IFA, quand la capitale allemande, à l'époque cernée d'un mur encore dans toutes les mémoires, mariait la foire et cette semaine récréative, avec concerts, attractions, bière, saucisses et électronique grand public en perpétuelle explosion. Sortir de Berlin était compliqué. Entre 700 et 800.000 visiteurs, dont beaucoup de professionnels étrangers venaient à ce rendez-vous qui s'est reporté ensuite sur la rentrée. Normal, une foie le mur écroulé, et histoire de laisser les vacanciers d'outre-Rhin partir en masse vers des villégiatures plus ensoleillées et méditerranéennes, il fallait viser septembre. L'IFA 2022 (2-6 septembre) multiplie presque à outrance les annonces à propos d'innombrables nouveautés qui devraient être présentées. Mais la conviction ne rejoint-elle pas déjà la foi du charbonnier, désormais...? Avec quatre fois moins de visiteurs qu'aux grandes époques et sur des thèmes très variés, les temps sont moins riants.
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Car entre temps, une autre nouvelle plus morose est venue doucher les espoirs des meilleurs défenseurs des grands salons. Il frappe un secteur qui n'est pas indifférent aux yeux des industriels allemands, l'automobile. Genève, rendez-vous qui fut historiquement le tremplin de tant de légendes routières (comme la très célèbre Jaguar Type E, il y a 61 ans) renonce et tente une expatriation vers les émirats. Comme beaucoup de salons, ce qui fait défaut n'est ni la couverture médiatique, ni les visiteurs, mais... les exposants. "Z'en ont rien à battre des visiteurs" lâche dans une phraséologie explicite un professionnel de ce milieu. Non sans déplorer cette situation.
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En photographie, le salon de Paris quitte la Porte de Versailles pour tenter un atterrissage à La Villette, lieu moins vaste mais à coup sûr plus accueillant que le parc du sud-ouest parisien, lequel, (malgré de gros investissements...!) n'aura pas réussi à évoluer comme il aurait été souhaitable qu'il y parvienne, face à des villes ayant fait de louables efforts pour mettre à la disposition des organisateurs des lieux d'accueil nettement plus performants. Mais pour la photo, c'est du côté de l'industrie que les regards sont devenus attentifs depuis quelques saisons. La prise de vue se bat à la fois contre la conjoncture et les smartphones, ce qui ne donne que des ressources très en repli pour des participations d'ampleur, forcément onéreuses. La très célèbre et défunte Photokina, pourtant installée dans le parc très opérationnel* de Cologne, n'a rien pu faire pour sauver ce qui était un sommet mondial dans ce domaine.
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Comme le remarquait récemment Henri Gibier dans Les Echos, la problématiques des grands salons date de bien avant la crise du Covid, laquelle a cependant joué le rôle d'un accélérateur. Les lecteurs assidus de DVSM, (même à l'époque de "DVSM, magazine papier") on souvent lu des rubriques sur ce sujet. Alors que certains grands industriels hésitaient, l'épidémie les a finalement contraints à exister sans les salons. Et ils ont à cette occasion conclu que c'était possible. Sans en mesurer toutes les conséquences, la sortie (possible) des soucis sanitaires qui s'enchaîne avec la situation géopolitique d'aujourd'hui n'étant pas de ces éléments propres à relancer le mouvement.
* Sur de nombreux points : parkings immenses et à tarifs "honnêtes", restauration digne de ce nom, logique de circulation, compétitivité des surfaces pour les exposants...