Dans les notions de "commerce moderne", de centre-ville, d'enseignes aux offres larges et dans l'air du temps, l'histoire du terrain est un long fleuve très animé. Juste une évocation...
- DVSM, 30 août 2022. Le commerce n'est plus ce qu'il fut. Et pas encore ce qu'il sera. Au fil des années, on aurait pu croire à une évolution issue du numérique et à sens unique, tout vers le Net. Surprise, ce sont les établissements jouant le prix très bas qui, contre toute attente, investissent soudain le terrain et à grand pas, renouant au passage avec l'art de titiller les motivations de la clientèle (donc de l'attirer). Les mouvements des uns suivis par les autres dans ce domaine restent d'un classicisme plus que séculaire. Par exemple, quelques années après la fin de la Grande Guerre, ce sont les Nouvelles Galeries (création en 1897), famille de magasins de centre ville (quand la périphérie n'était pas en passe de devenir le terrain d'accueil de "zones" périurbanisées) qui déclenchent une suite d'initiatives, en 1928, avec leurs magasins Uniprix. Tout est dit dans la raisons sociale. Elle traduit sagement la nécessité pour le plus grand nombre de pouvoir accéder à des produits plus abordables, symptôme d'un territoire qui se relève. Moins cher, oui, mais à y regarder de plus près, ce n'est pas le seul argument. Le style de vie est aussi dans les atouts plus subtilement suggérés. Il y a près de 100 ans, la France, très imprégnée de ruralité, était encore peuplée d'une forte proportion de ménages disposant de jardins potagers, poulaillers, clapiers... Une autosuffisance partielle du foyer dont les membres ne voulaient pourtant déjà plus passer à côté d'un modernisme s'invitant en rayon et qu'un vent d'Ouest contribuait à soutenir. L'idée inspire la concurrence.
C'est une vieille tradition dans la distribution, quand un acteur ose quelque chose, les autres suivent, entre inspiration et un peu panurgisme. Moins de trois années pleines plus tard, (1931) le Printemps lance ses Prisunic. Suivi à la trace par les Galeries Lafayette en 1932 qui répliquent avec Monoprix. Trois nouveaux noms lesquels vont enrichir une véritable génération, (Printania, Innovation etc..). dont il n'est pas question de raconter l'histoire dans l'instant. (Mais quelques évocations photographiques sont notamment à retrouver ici et sur au moins un site de passionnés ICI). Certains existent toujours, du moins dans leur dénomination, après de multiples cessions, reprises... une autre aventure. Mais qui, à ce moment, réalisait que cette présence en pleine ville de magasins où l'on trouvait tout (enfin presque) sous un seul toit, dans un style "tendance", constituait déjà une petite entaille dans l'attractivité des commerces voisins, mono-spécialisés...?