Monopolisés par les incendies du sud-ouest, les chaînes d'infos occultent, par ignorance, manque de curiosité, ou pour d'autres raisons plus ou moins bonnes, un passé landais pourtant assez instructif, même au regard du présent sinistre.
- DVSM, 19 juillet 2022. Le Pilat brûle. Ou plutôt, le forêts dont cette dune est si proche. Oubliant quelque peu et pour un instant les épisodes guerriers russo-ukrainiens, l'info de la radio, des écrans et du net a remplacé les généraux fraîchement retraités, sollicités pour d'innombrables chroniques, par des représentants des soldats du feu (ceux qui, dans d'autres circonstances, se font hélas occasionnellement caillasser dans certains quartiers). Et les polémiques, d'un intérêt modéré, occupent l'espace. Dans ce concert où les paroles inutiles ne manquent guère, on aimerait entendre des éditoriaux un peu plus fouillés. Avec notamment l'évocation du terrible incendie qui avait éclaté dans cette forêt landaise en 1949. A cette époque, pas de Canadair et, quelle paix pour les esprits, pas de ritournelle sur le supposé réchauffement de la planète. Les intervenants n'étaient que terrestres. Toutefois, l'ampleur du sinistre avait nécessité l'aide de pompiers venus de loin, dont certains originaires des Pays-Bas. Les pins et leur précieuse sève, à la fois ressource industrielle et remède pour le sol, ont des vertus dont il ne serait pas stupide de rappeler les origines. Il y a bien longtemps, cette région des Landes était surtout fort marécageuse, menacée près du littoral par le sable sans cesse repoussé par les flots puissants de l'océan (la dune du Pilat dépasse 100 mètres de hauteur). C'est à l'initiative de Napoléon, notre inoubliable premier empereur, que furent initiées les plantations de ces pins, permettant une stabilisation du terrain. On l'oublie parfois, c'est peu après la disparition de celui-là que commencèrent à s'établir les premiers réseaux* de chemins de fer, dont des multitudes de petites lignes locales (presque un siècle avant la banalisation de l'automobile). Et justement, leur implantation dans ces terrains peu stables fut une véritable épopée. La sève des pins, matière première aux utilités multiples, récoltée dans les godets illustrés en photographie dans des quantités de manuels de géographie utilisés dans le cadre scolaire, sert à mille et une productions, pour des colles, des peintures, de l'éclairage non "watté" (torches, bougies...) et même pour... des allume-feu destinées aux cheminées, inserts et barbecues. Suite au sinistre géant de 1949, des espaces coupe-feu ont été créés, et des zones ont vu se développer la culture du maïs. Les sources d'information déjà évoquées n'auraient-elles pas tout à gagner à mieux enrichir de ce genre de précisions dans de multiples circonstances, plutôt que de tourner en rond sur des polémiques lancinantes...? Ne serait-ce que pour amplifier les envies de regarder la TV sur les meilleurs équipements possible...
* Mort en 1821, Napoléon Bonaparte fut écarté du pouvoir en 1815, soit moins de 20 ans avant les premiers chemins de fer, installés dans les années 1825-1840. En France, dans les années 1850, alors que le maillage des réseaux est largement développé, des règlements de sécurité imposent des vitesses maximales de 100 à 120 km/h aux trains pour voyageurs.