Rappelons-nous, c'était juste avant le Covid. Une pandémie qui a eu une influence étrange sur la perception du temps qui passe. Et du temps que la 5G met finalement pour venir jusqu'à nous...! Alors, "G", comme Godot...?
- DVSM, 8 juin 2022. Les atouts techniques de la nouvelle norme des télécommunications mobiles ne sont pas en cause. En revanche, le "qu'est-ce qu'on en fait", question aux réponses peu mobilisatrices (un point déjà évoqué dans ces pages il n'y a que quelques jours -lire ou relire ici-) mérite une attention particulière. Car à bien y réfléchir, certains observateurs sentaient peut-être le sens du vent il y a... déjà quelques années. Pour l'heure, les études imposent de ne pas s'emballer. Compte tenu de la cadence modérée de l'entrée en scène des mobiles, les développements d'applications ne sont pas non plus soumis à une cadence vertigineuse, même si leur apparition devrait s'amplifier de 25% au cours de l'année. Avec une production mondiale d'environ 700.000 unités en 2022, le nombre des compatibles 5G devrait franchir en sorties d'usines le cap de 50% (53% selon IDC) du total fabriqué. Ce qui signifie aussi qu'environ la moitié de cette production sera encore et au mieux en version 4G. Et dans cette optique, les analystes estiment qu'il faudra attendre 2026 pour que les smartphones 5G constituent un "gros 3/4" (78%) du marché, et non du parc. En tenant compte du temps d'utilisation d'un appareil, cela met l'horizon du tout 5G à une certaine distance, voire une distance certaine. En effet, une utilisation de 3 à 4 ans en moyenne par appareil permet de tabler sur près d'un quart à un tiers du parc encore en 4G à l'horizon 2030. Lors du passage de la 2G à la 3G, puis de la 3G à la 4G, les opérateurs avaient trouvé dans ces évolutions une solution idéale pour écouler d'une manière plus fluide, grâce à une capacité de transmission nettement plus élevée, des flux grandissants de contenus. Une progression qui avait pour source essentielle l'élargissement du parc de smartphones. Une nécessité qui s'efface puisque le taux d'équipement frise (en occident) la saturation. En outre, il n'est pas inutile de prendre en considération les effets de la forte inflation qui frappe les économies occidentales, qui risquent de prolonger la durée d'utilisation moyenne des smartphones pour des consommateurs tenus de limiter leurs dépenses.
De quoi retourner un peu dans les archives. Ce ressenti du sens du vent évoqué plus haut a probablement été immortalisé noir sur blanc (photo). Au moins un opérateur ne lésinait pas sur le vocabulaire, 6 mois après le lancement des premières zones 5G par les quatre opérateurs actifs en France. Une réaction dont on imagine qu'elle ne s'appuyait pas seulement sur des contrats signés, mais surtout sur des enquêtes, concordantes, menées auprès des utilisateurs. Les développements très actifs en faveur de la prochaine 6G pourraient-ils être plus ou moins contrariés par cette réalité...? Sont-ils menés non en fonction des perspectives techniques et de certaines "vues de l'esprit" de techniciens compétents et talentueux...? Ou de certitudes sur ces possibles usages fondamentalement innovants qui font se rejoindre la désespérante observation de l'horizon par Sœur Anne et l'attente interminable de notre improbable ami Godot...?