Sécurité, circulation, propreté, les sujets de graves préoccupations se multiplient pour la capitale, dont les charmes attractifs sont emportés dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir stopper.
- DVSM, 28 juin 2022. Faute de nappes de pétrole, dépourvue de ressources industrielles suffisantes, la France avait en revanche un atout exceptionnel : le tourisme. "Avait", car son fer de lance, une capitale que des millions d'étrangers rêvent de pouvoir la visiter au moins une fois dans leur vie, se couvre doucement d'une réputation déplorable. Converger vers la Tour Eiffel est une expédition parsemée de risques de se faire agresser ou détrousser. S'éloigner des quartiers centraux revient à se rapprocher de zones glauques, sur fond de trafiquants de stupéfiants et drogués en manque. Il se disait que l'on trouvait tout à la Samaritaine. Le grand magasin créé par le couple Cognacq-Jay n'existe plus, et son quartier est devenu inaccessible, sauf aux trottinettes, vélos et taxis. Et la prestigieuse rue de Rivoli où ses vitrines s'animaient jadis présente les stigmates d'une voie urbaine où, doucement, le commerce se dégrade et va tôt ou tard sombrer corps et biens.
Evoquer les difficultés du commerce dans la capitale ressemble sans doute aux yeux de certains à un combat quasi corporatiste. C'est oublier que le touriste ne se limite pas à une paire de pupilles dilatées face à des merveilles architecturales et des perspectives grandioses. Il est aussi un consommateur. Chacun sait -ou devrait savoir- que les innombrables touristes venus de Chine -entre autres) ne seraient pas passés par Paris sans se diriger vers nos grands magasins et y acquérir certains de nos beaux articles du haut de la hiérarchie de l'offre. Quand la visite du Louvre est terminée, une fringale compréhensible conduit tout individu vers un lieu de restauration où la célèbre gastronomie française arrondit certes -et seulement quand on en abuse- quelques bourrelets, mais aussi l'équilibre de notre commerce extérieur. Dans les conditions actuelles, il devient impensable que le pilotage de ce désastre organisé ne soit pas contrôlé et vigoureusement arbitré bien au-dessus des prérogatives d'un simple conseil municipal. Paris ne s'appartient pas qu'à elle même. Non seulement la ville est indissociable des millions d'âmes vivant dans sa banlieue (et qui en font, avec plus de 12 millions d'habitants -dont 10 n'ont rien à dire-, la première agglomération d'Europe), mais elle est aussi la "locomotive" du pays. Point de promenade à Versailles, à Fontainebleau, vers les Châteaux de la Loire ou même une virée jusqu'à la Côte d'Azur sans un passage par ses avenues.
L'attractivité d'une grande métropole est aussi et de surcroît une affaire de tourisme professionnel. Hélas, et alors que des organisations professionnelles liées aux industries rêvent et réclament des événements de portée internationales, Paris reste avec son pitoyable Parc des Expositions de la Porte de Versailles, et n'a pas été en mesure, en plusieurs décennies, de créer de quoi concurrencer des villes européennes plus modestes mais fort dynamiques, telles que Berlin, Cologne, Barcelone... Au point de se faire "chiper" la clé de voûte internationale des télécommunications, le MWC (ex-3GSM) jadis tenu à Cannes. Et hop...!
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Le péril réside justement dans des réputations aux impacts qui se prolongent dans le temps. Il y a un demi siècle, aller se promener dans les avenues de Harlem était quasi synonyme de l'aventure fort imprudente dans un coupe-gorge. Mais un maire de New-York a tout changé. Un énergique nettoyage permet désormais de déambuler sans risque dans un endroit qui, malgré cet effort, conserve encore un peu de sa mauvaise image. En sera-t-il de même pour Paris, et combien de temps, après sa patiente destruction, lui faudra-t-il œuvrer pour retrouver son prestige...? Anne, que voyez-vous venir...?
- CONNEXION : L'heure d'un très haut débit minimal 100% gratuit pour tous va-t-elle sonner...? A lire ou relire ici...