La pandémie, pour l'heure en sommeil, a pour le moins semé le trouble dans les habitudes des clientèles. De quoi s'interroger à propos de certaines évolutions aujourd'hui constatées.
- DVSM, 14 juin 2022. Les turbulences se suivent sans pour autant se ressembler. A la suite d'une période de fortes contraintes, avec des points de vente fermés et des individus confrontés aux mesures sanitaires parfois sévères, le terrain est loin de retrouver des conditions se prêtant à une analyse commode. Après le virus, sont venues l'inflation, les augmentations de nombreux prix, les perspectives extrêmement floues pour le futur proche. Ainsi, "comme lors des premiers mois de 2022, les ventes internet en mai sont en baisse par rapport à 2021 (-14 % en moyenne pour le commerce spécialisé), sauf pour la beauté-santé (+ 12,5 %) et surtout la chaussure (+ 39 % sur le web), secteur dont les ventes pour ce mois ont été très satisfaisantes..." souligne en substance Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé). Ce constat implique une question : les parts du commerce en ligne vont-elles encore beaucoup progresser, se stabiliser, ou même revenir à des proportions plus modérées...? Dans cette approche, se mélangent des inconnues inédites. Comme lors de la montée en puissance de l'hypermarché, il y a près d'un demi-siècle, des observateurs voyaient le concept de cette très grande surface en mesure de dominer à terme l'ensemble du commerce. La suite a montré qu'il n'en a rien été. Des prophéties de même nature sont entendues depuis l'avènement du commerce en ligne. Et pourtant, le public continue à bien aimer "le shopping", a faire des achats de proximité en temps réel (le matin pour déjeuner à midi, ou le jour même pour porter un vêtement immédiatement). Il reste aussi très attentif à ce qu'il acquiert, ce d'autant plus que la vertigineuse montée de certains prix l'incite à regarder plus attentivement encore la qualité de ce qu'il envisage d'acheter, dans l'alimentaire, mais pas seulement.
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Toutes ces analyses sont de surcroît à conduire en tenant compte d'un autre nouveau facteur de première importance, mais peu souvent évoqué. Entre 2019, l'avant Covic, et ce printemps 2022, l'équipement connecté a lui-même beaucoup évolué, ne serait-ce que du fait, justement, des besoins de mieux vivre les activités en ligne, du télétravail jusqu'aux aux loisirs (sans même évoquer les impératifs montants dans les relations avec les administrations, fiscale et autres). Ce pendant que les structures de connexion ont elles-mêmes beaucoup évolué : haut débit ADSL ou fibre, 5G, etc. Outre-Rhin, GfK constate que depuis le début de 2022, environ 90% des téléviseurs vendus en Allemagne (pratiquement les mêmes qu'en France) sont "intelligents". Si l'activité physique, à l'image de la consommation, est fortement impactée par les éléments conjoncturels actuels, Procos constate encore que "l’équipement de la maison fait mieux qu’en 2019 : + 5,6 % en magasin...". Entre l'activité en ligne et le concret en magasin, la situation apparaît comme clairement au milieu du gué. Mais avec, en filigrane, une interrogation de plus en plus présente : le commerce sur Internet serait-il en passe de délimiter ainsi son périmètre...?