Dans le fond, dans une transaction commerciale, le plus important n'est pas le produit, mais l'argent. Avec Apple Pay, Cupertino avait amorcé un itinéraire qui se poursuit par ce qui ne s'appelle pas "faire crédit". Mais...
- DVSM, 16 juin 2022. Sur une table de jeu, le plus heureux reste le croupier. Peu importe qui gagne ou perd, puisqu'il récupère son petit pourcentage à l'occasion de chaque transfert, de l'un à l'autre et inversement. Tim Cook n'est pas l'employé d'un casino, mais il y a un peu de cette filière inspiratrice dans la suite qu'il envisage pour l'aventure façon pomme croquée. Alors qu'assez peu de commentaires ont suivi son interview diffusée sur Canal il y a quelques jours, un élément a quand même retenu les attentions. Il s'agit de l'approche d'un "achetez maintenant, payez plus tard" évoquée par le successeur de Steve Jobs. Entre nous, c'est un truc vieux comme le monde. Qui ne demande qu'à être magnifié par le numérique connecté. Jadis, on appelait cela "une ardoise". Cette orientation rappelle cependant les tendances traditionnelles américaines qui vivent et survivent à l'égard des clients -au point se se réinventer dès qu'il le faut- consistant à les rendre captifs. Déjà, Georges Eastmann, fondateur de Kodak, l'avait mis dans son modèle économique. "Un clic suffit, on s'occupe du reste" n'était qu'une lointaine méthode reprise par d'autres, comme Xerox avec ses copieurs dans les années 60, ou "Blanche-Neige et les sept nains", autrement dit IBM et ses concurrents dans l'historique épopée de l'informatique, devenue mini, puis micro. Une fois "ficelé", le lien fournisseur- client ne pouvait que conduire à des recettes induites, l'utilisateur ne pouvant plus se passer ni de la chimie de l'un, ni des consommables d'un autre, et certainement pas des softs dans l'environnement de l'ordinateur. L'expression "système propriétaire" n'a pas été conçue par hard. Mieux, et certains iront presque jusqu'à dire "un brin pervers", voilà que le système Apple a de bonnes chances de se propager à bien des actes d'achats, ou de ventes, dans quelque coin qu'ils se réalisent, bons ou pas. N'évoquons même pas les éventuelles imbrications avec les réglementations sur les crédits à la consommation, à chaque jour suffit sa peine. Petite larme pour les acteurs du terrain, qui savaient encore parfois trouver un petit plus pour leur tirelire en accompagnant une vente d'un financement adéquat. Quand la guelte se fait maigrelette... Il reste que l'ampleur du sujet est telle que Cupertino ne sera sans doute pas seul sur ce sujet. Quant à ceux qui pleurent déjà la lente décrue du papier monnaie, le "liquide", celui qui ne laisse pas de trace, qu'ils sachent, si ce n'est pas encore le cas, que leur déception risque de s'amplifier.