God save the screen...! Quel rapport entre sa Gracieuse Majesté et notre présent où, désormais et fort banalement, tout communique avec tout, en temps réel...? Regard sur un instant spectaculaire et sans retour.
- DVSM, 1er juin 2022. En exigeant, il y a 70 ans, que son accession au trône de l'Empire britannique soit diffusée à la télévision, la jeune souveraine a franchi une étape décisive et ô combien révélatrice. C'est un an après être devenue reine, le 2 juin1953, à l'occasion des cérémonies de son couronnement qu'Elisabeth II a donné le coup d'envoi de l'une des plus importantes révolutions techniques vécues sur terre. C'est en effet pour cet événement que fut réalisée la toute première diffusion TV en Eurovision. Ainsi, se trouvait alors concrétisée l'entrée pour tous dans l'ère de l'audiovidéo et de son aptitude à inonder la planète jusqu'aux plus lointaines contrées. Mais à l'époque, rares sont ceux qui avaient pris conscience de l'ampleur de cette page d'histoire venant d'être tournée. La transmission en direct des images d'un point du globe vers un autre étant née, dès lors, plus un instant ne se passera sans que cette transformation pour l'espèce humaine ne se perfectionne, pour en arriver à ce qu'elle est de nos jours. Ne revenons pas sur les innombrables étapes qui ont jalonné cette épopée. Retenons cependant un élément qui depuis domine tous les autres.
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Vient en effet d'être définitivement affirmée la prédominance des "contenus". A quoi sert une innovation...? Elle sert à s'en servir. Ce qui aura mobilisé les foules face à toutes les démonstrations organisées dans les vitrines des magasins ou même dans les rayons dédiés à cette jeune technique qu'est la télévision sera moins la prouesse de "l'électronique" (un terme alors assez peu utilisé) que le fait de pouvoir assister en temps réel à l'événement. Les bonnes vieilles actualités cinématographiques, celles qui se regardaient en salle avant le "grand film", viennent dans le feu de l'action de prendre un sévère coup de vieux. Le "revoir" s'incline face au "voir", synonyme de "vivre". Impossible de ne pas remarquer la similitude entre l'image de cette souveraine vue dans l'instant, au cœur d'un moment historique, et celle du bambin, vu également dans l'instant, par un papy ou une mamy, grâce à un FaceTime ou équivalent entre tablettes ou smartphones.
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L'Eurovision, désormais vestige d'une télévision d'autrefois, n'était pas si simple. Les transmissions seulement terrestres, les conversions entre standards, la coordination des équipes dans chaque pays, en bref l'ensemble de la "manip", même minutieusement préparée, fut un brin osée. La souveraine d'outre-Manche n'y a du reste joué aucun rôle technique. Elle fut au bon moment au bon endroit. Mais si elle n'avait pas été, par le jeu des circonstances, celle ayant par sa présence allumé la mèche de l'explosion audiovisuelle, cette aboutissement en forme de grand départ aurait quand même eu lieu, pour la première des grandes circonstances qui se serait présentée. D'ailleurs, de tous les points cardinaux, arrivaient déjà les échos de développements techniques tous plus prometteurs les uns que les autres. Seulement quatre années après ce couronnement, résonnait le bip-bip du premier satellite artificiel mis en orbite. Dans les points de vente, les linéaires, les rayons TV-vidéo, l'important est de ne pas perdre de vue que c'est pour voir une princesse devenir reine, des champions devenir médailles d'or ou maillots jaunes, des humains fouler le sol de la Lune, des amis s'envoyer des souvenirs de vacances... que cette technique attire les chalands. Bien plus qu'une définition d'écran ou que tout autre argument "seulement" techno.