Pas bon pour les pourboires...! Le sans contact chasse des poches la petite monnaie. Faudra-t-il se battre pour que ne soit pas perdu l'atout majeur du "liquide" : l'anonymat.
- DVSM, 21 avril 2022. Si nombreux sont ceux qui s'en félicitent, d'autres regardent avec une inquiétude non dissimulée le repli observé dans les règlements en espèces. Déjà plus compliqués quand ils concernent les versements de sommes assez élevées, les transactions conclues avec des pièces et des billets de toutes importances ont fait un spectaculaire bond en arrière. Les gestes barrières et les contaminations par l'intermédiaire de la monnaie classique auront eu une influence décisive sur les habitudes. Car, outre la crainte justifiée à propos d'un argent sale sanitairement, le sans contact a apporté une grande simplicité. De quoi réjouir tous les acteurs d'une économie devenant de plus en plus numérique. Chaque transaction, au lieu de créer des recettes pour les imprimeurs de billets et les façonneurs de pièces, gonfle les recettes des systèmes de paiement (dont au moins une firme californienne au symbole fruité). En effet, mieux encore que le passage délicat d'une carte à puce sur un terminal, en approcher un smartphone amplifie les tendances vers le moindre effort. Ce qui ajoute aux bénéficiaires de ce nouveau monde de l'addition les opérateurs de télécoms et même l'industrie du portable connecté. La transition historique est en cours. Des organismes d'outre-Rhin, similaires à ce que sont nos Chambres de Commerce, constatent que 95% des clients dans les magasins ont adopté au minimum occasionnellement le règlement en caisse en utilisant le sans contact par carte, et que déjà, 18% basculent dans le direct smartphone vers terminal. Il est probable qu'en France, où la carte de crédit et/ou de paiement avait déjà connu jadis un succès plus rapide que celui observé chez certains de nos voisins immédiats, les évolutions dans les habitudes soient d'une nature similaire. Ce qui n'est pas bon pour le rituel pourboire. Au livreur, au garçon de café, au chauffeur de taxi, un peu de monnaie sonnante et trébuchante permettait d'arrondir le dû et d'élargir les sourires. Conséquence qui se remplace de plus en plus, dit-on, par une formule laconique : "désolé, je n'ai pas de monnaie"...