ELECTIONS : la première campagne à ce point plongée dans le numérique et son influence.

Si les scrutins de 2017 et de 2012 étaient déjà dans le tourbillon des techniques nouvelles, celui de 2022 fait figure de quasi première, du fait de l'impact du digital non seulement sur les candidats, mais désormais aussi et surtout sur le corps électoral.

- DVSM, 3 avril 2022. Dans une semaine, 2 de ces 12 visages seront sur des charbons ardents. Les autres plongeront doucement, et peut-être assez vite pour quelques-uns, dans la morne érosion des espérances perdues. Pour l'heure, nombreux sont les commentateurs et analystes qui décrivent déjà une campagne plutôt mauvaise, la forte abstention que certains pronostiquent pour le sortir des urnes en étant la sanction possible. Ce que les faits auront à cœur de confirmer ou d'infirmer. Les sondeurs n'échappent pas, en effet, à quelques signes de gros temps. Car le vécu de cet épisode préélectoral sera resté incertain. A pianoter sur leurs claviers ou caresser sans cesse leurs écrans tactiles, on les sent capables de retourner vestes et convictions, ces électeurs regardant les dirigeants dans le fond OLED. 

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Dans son ensemble, le panorama de cette phase jugée médiocre est souvent décrit comme résultant en partie des moyens techniques désormais accessibles au monde politique, outils qui n'en ont pas forcément grandi les aptitudes supposées à régler les problèmes. Les slogans, allant du presque lyrique au sans saveur éculé, paraissent à eux seuls souligner des facettes devenues hors du temps. Sont-ils conscients, ces acteurs politiques, de la modestie de l'impact sur la population de leurs répétitives escarmouches sur les réseaux, qu'entre candidats et soutiens, Twitter et autres n'ont cessé de propulser..? L'entre-soi des vedettes potentielles du pouvoir n'a d'égal que l'évidente non prise de conscience du changement qui fait que les citoyens ont aussi conquis les mêmes instruments, pour les regarder, les écouter, ou filer vite fait sur une plateforme de streaming. Face à des ambitions et promesses grandiosement exprimées, la manière de les recevoir, de les apprécier, d'en mesurer la possible portée, le public a autant ou probablement davantage laissé s'en transformer la vision sous l'influence des évolutions techniques. 

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Ainsi, par rapport aux deux échéances présidentielles précédentes, équipements et habitudes se sont métamorphosées. Entre 2021 et 2022, la possession d'un smartphone est passée de 28 à 84% de la population (de 12 ans et plus- ARCEP). Il y a même encore une progression sensible depuis 2017, quant son taux d'équipement n'en était encore que de 73%. Rappelons aussi qu'en 2012, la 4G n'en était encore qu'à ses débuts. Elle est omniprésente, et ses débits ont rendus possibles des transformations de première importance. La vitesse avec laquelle cette génération mobile a mis à genoux 80% du marché de la photo d'alors n'est qu'un des signes révélateurs de cette évolution du monde. Mais au-delà des équipements, ce sont les usages, et les millions d'utilisateurs qui s'y adonnent, qui concrétisent ce bouleversement.

Quelques mois après l'élection de François Hollande (2012) les réseaux sociaux n'avaient encore qu'une présence modérée. Deux élections plus tard, leur omniprésence, qui va bien au-delà des trois exemples cités ci-dessus (Source l'Empreinte digitale) a impacté le quotidien d'une majorité d'individus. Parmi ceux qui n'avaient pas encore fait surface, TikTok affiche aujourd'hui 15,4 millions d'adeptes. De quoi largement faire évoluer la perception d'une campagne.

Plus sédentaire, l'ordinateur n'a pas échappé à la transition, grâce à la propagation du haut débit en ADSL ou via la fibre. Et coup de grâce ultime dans ce raz-de-marée technologique, deux années de pandémie ont définitivement transporté le monde dans un nouveau présent. Dur, pour des candidats qui croyaient peut-être qu'un vaste catalogue de changements dispensé par un talent de tribun suffirait à séduire Monsieur Tout-le-Monde. Lequel, un malheur n'arrivant jamais seul, mesure aussi et encore mieux que jamais les difficultés que le conflit ukrainien met subitement en pleine lumière. 

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