LA TELEVISION se rapproche à grands pas d'une inévitable entrée dans une nouvelle époque.

La fracture des contenus se concrétise doucement, prenant de l'ampleur, avant un probable basculement qui pourrait à terme devenir vertigineux.

- DVSM, 19 janvier 2022. Deux mondes se regardent, se concurrencent, feignant à peine de s'ignorer. Sous les aspects d'une cohabitation gentillette, c'est d'une rupture historique que le temps qui passe les menace. En effet, une probable et inévitable dérive des continents audiovisuels se précise et comme dans les mouvements des plaques tectoniques, (oserait-on écrire "tech-toniques...?) aucun mouvement n'échappe à quelque séisme suivi du décompte de ses victimes. D'un côté, le monde "déjà" d'hier de cette télévision née il y aura bientôt presque 90 ans, une télévision de chaînes classiques, qui diffusent, re-diffusent et re-re-diffusent des choses redondantes même quand elles sont nouvelles, entrecoupant ce lancinant débit de parenthèses publicitaires de plus en plus longues et agaçantes*. De l'autre côté, se renforce une offre plus "carrée", répondant à la proposition élémentaire : payer et regarder. C'est le côté des plateformes, du streaming, du "je regarde ce que je veux quand je veux", identifié depuis longtemps, symbolisé génériquement par Netflix et la cohorte de ses compétiteurs. A intervalles réguliers, les analystes pointent les pourcentages d'évolutions dans les audiences, laissant à chaque échéance apparaître un peu plus le déclin de cette télévision classique dite "linéaire". Déclin un peu maladroitement attribué à la multiplication des écrans, alors que le grand, le beau, le (relativement) cher bel écran du salon offre de plus en plus un accès commode à ce nouveau monde. Alors, séismes annoncés ? Il y en aura sans doute plusieurs, mais au moins un est quasi amorcé sur notre sol.

Le rapprochement engagé entre M6 et TFI, impératif économique incontournable entre des groupes qui se concurrencent dans une logique déconstructive du fait des réalités de l'époque vécue, aura inévitablement pour effet de réveiller l'attention d'un grand nombre de consommateurs. Alors que de son côté, le travail du groupe Bolloré-Canal (et prolongements avec Europe-1) constitue une autre scène de ce théâtre des transformations sans retour désormais engagées. Sans oublier la reprise encore récente de RTL par M6... simplement pour souligner à ceux qui n'en auraient pas encore pris conscience de l'ampleur du changement.

Pour le marché du "téléviseur", pas l'ombre d'un souci, bien au contraire. Les ventes en volumes situées entre 3 et 4 millions d'unités annuelles** montrent que d'ici pas plus de 5 ans, entre 15 et 20 millions de foyers au minimuml seront dotés de cet accès aux deux mondes des contenus, rendant impérative la présence de cette aptitude sur tout modèle proposé à la vente (ce qui est déjà largement amorcé). 
 
* Plus nombreuses, les chaînes ont de fait vu les tarifs chuter, et pour rester en équilibre, ne peuvent que diffuser davantage de messages. - ** Estimation, en l'absence désormais de toute statistique fiable librement accessible.

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