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Temps et argent stupidement gaspillés…! Derrière les célèbres batailles dites "de standards", des manœuvres moins glorieuses ont parfois été initiées, autant pour mettre des bâtons dans les roues des concurrents que pour développer de réelles nouvelles pistes. Et, incroyable (?) mais vrai, cela continue…

- DVSM, 12 novembre 2021. "Le consommateur tranchera…" Douce illusion ou fieffé mensonge...? Cette formule trop souvent prononcée résonne pourtant comme un postulat oscillant entre ces deux facettes. Tout au long de l'histoire de l'électronique de loisirs, comme dans de nombreux autres domaines, elle a été servie comme si, entre concurrents et au terme d'une compétition loyale, les produits et les standards les plus méritants (souvent sous-entendu techniquement) seraient à coup sûr couronnés d'un succès populaire logique. En vérité, sombres luttes de chiffonniers, coups tordus et entourloupes entre adversaires (allant parfois jusqu'à se haïr) ont de temps à autres régné sur l'épopée de l'EGP. En cela, le monde de l'électronique n'a en rien échappé aux habitudes pas davantage reluisantes ayant toujours existé entre entreprises en quête de domination.

Les luttes épiques et sans pitié, aux USA, lorsque l'électricité et le pétrole voyaient leurs empires se bâtir, le rappellent. Inutile pourtant de remonter aux joutes musclées auxquelles se livrèrent les Carnegie, Rockefeller et autres Edison il y a plus d'un siècle. "C'est un peu comme dans les pelotons de courses cyclistes, où l'on ne sait plus si le gagnant est réellement le plus fort ou simplement le meilleur tricheur…" remarque un observateur du monde industriel… Vrai ou non, cette hypothèse doit être éclairée par une vision objective des enjeux réels et de ce qui en découle. Si, dans l'esprit du public, l'idée est que le succès d'une firme se limite aux volumes produits industriellement et vendus partout à la ronde, la réalité est plus complexe. Plus alléchants encore que les bénéfices retirés d'une production bien gérée, les droits ou autres "royalties" constituent des recettes simples et nettes, non sujettes à des aléas matériels allant des salaires trop élevés jusqu'aux points morts (1) du couple fabrication et vente parfois jamais atteints. Tous les produits industriels sont aussi, en réalité, de véritables "banques" de brevets (2) et de "modèles déposés" (3) impliquant que, pour être utilisés, les firmes autres que créatrices doivent payer des droits. Ce au moins pendant la durée de protection (en principe, un brevet a une durée limitée à 20 ans). L'automobile électrique (et ses connecteurs sur bornes), les subtilités des variantes de la 5G, à l'image de la totalité de ce qui constitue l'environnement numérique du présent, n'ont en rien échappé à ces mécanismes concurrentiels redoutables. Pas même les vaccins contre le Covid...

Dans l'électronique pour tous, une histoire qui sombre désormais dans un passé en voie d'oubli avait laissé des traces indélébiles. C'est celle de la vidéo grand public, inscrite comme l'un des épisodes les plus symboliques de ces guerres entre groupes industriels, un combat un peu vite résumé par la bataille entre le format Betamax et son concurrent VHS (Vidéo Home System). C'est le résultat d'une circonstance à ne pas oublier : cette empoignade fut probablement la première de l'histoire de l'EGP à avoir été vécue par un très large public et à l'échelle mondiale. Elle soulignait la montée en puissance de l'industrie asiatique (japonaise pour commencer…), et concrétisait l'émergence de marchés disputés eux-aussi à l'échelon planétaire. (Elle avait aussi démontré la faiblesse rampante d'une industrie européenne pour la première fois reléguée hors du débat. A cet échelon international, les formats vidéo imaginés par Philips et Grundig avant 1980 n'ont guère fait de vagues. Les élans au cœur du Vieux Continent n'ont été d'aucun secours.)

Toutefois, "lancer" un supposé nouveau format peut aussi avoir les effets d'un leurre. L'exemple de Toshiba fait partie des innombrables anecdotes laissant planer les doutes. Qui et pour quelles raisons le groupe nippon a-t-il cherché à propulser son format  HD-DVD...? Une création inattendue dans l'ère encore très puissante du DVD, et qui a en partie conduit le disque BluRay vers un succès mitigé, loin de ce qu'il aurait pu être sans les quelques saisons d'hésitation résultant de ce faux combat, rares étant les observateurs bien informés qui osaient tabler sur les chances de ce HD-DVD. Rebelote, côté écrans, quand ce même Toshiba vient à l'aide d'une technique d'écran baptisée SED (pour Surface conduction Electron Emitter Display -photo-) se mêler pour rien à la compétition entre écrans plats, le plasma déjà sur le fil, le LCD en pleine gloire, les OLED piaffant de pouvoir sortir des cartons. L'électronique, le cinéma d'amateur, la photographie, mais aussi l'automobile, l'aéronautique, le ferroviaire etc. ont des histoires constellées d'initiatives de cette espèce, aux justifications pas toujours aussi pures qu'on pourrait le croire. Au-delà des facettes stratégiques et juridiques, la puissance des entreprises en compétition reste aussi un élément déterminant. Ce qui ne doit pas occulter ce que l'on observe aussi dans des périodes pré-électorales, où l'on observe des compétiteurs majeurs craindre l'émiettement de leur potentiel par des seconds couteaux riches d'une capacité de nuisance, parfois doublée d'espoirs bien peu réalistes.

La prolifération des techniques numériques ne fait qu'amplifier le phénomène. Les acteurs industriels majeurs travaillent tous désormais au niveau planétaire. Leur luttes sont celles de géants aux forces incommensurables, et une nouveauté de cette époque complique tout. Les composants, dont les processeurs et autres organes clés, intègrent une part colossale de "software", conditionnant leur utilisation jusqu'aux usages des équipements qu'ils animent. Ce qui rend de moins en moins concevable l'entrée dans des filières d'industriels concurrents, ou de courses à certaines tentatives de réindustrialisation. 

(1) Point comptable d'une exploitation d'entreprise qui se caractérise par l'atteinte de l'équilibre financier, ni déficitaire, ni bénéficiaire. (2) Les brevets sont très nombreux, complexes, une source sans fin de grain à moudre pour juristes, avocats, tribunaux. L'internationalité des affaires rend ce domaine encore plus délicat et coûteux à gérer. (3) Un dépôt de modèle ne couvre rien d'autre que la forme (taille, couleur, etc.) purement physique faisant l'objet du dépôt, mais en rien ni la technique, ni le fonctionnement. C'est pourtant un élément de propriété industrielle capable de devenir un rempart conte les contrefaçons ou imitations audacieuses (voir les briques de Lego ou certaines capsules de café). Ou, comme jadis une cassette vidéo (VHS, par exemple) ou une carte mémoire... 

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A propos : le blog DVSM, Distribution, Ventes & Services Magazine™ est le plus ancien outil d'information dédié exclusivement aux professionnels de la distribution des équipements et des services de loisirs électroniques et numériques. Fondé en 1979 sous le titre "Vente", et ayant adopté le nouveau titre DVSM à l'occasion de l'an 2000 (auparavant, Vente Electronique, Vente Informatique, etc.). Actualité, analyses, documents s'y retrouvent sous la forme de ce blog sans publicité. Réagir, nous contacter : dvsm.edition@orange.fr . 

 

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