COIFFURE : un autre maillon du commerce en centre-ville prend ses distances avec le samedi.

Dans la chaîne d'un commerce de centre-ville, chaque maillon sert à tous, la disparition d'un seul devenant pénalisante pour les autres, ceux qui, justement, tentent de résister.

- DVSM, 15 novembre 2021. Il n’est pas impossible qu’une proportion non négligeable de nos compatriotes sous-estiment quelques facettes inquiétantes de notre panorama économique. Pour certains, l’heure en est encore à savoir profiter de la vie, en travaillant certes un peu, mais surtout pas trop. Pourtant, parallèlement, nombreux sont ceux qui déplorent la désertification du centre des villes et l’anéantissement de son animation commerciale. Sont-ils sincères...? Osons le doute. Peut-être sont-ils seulement nostalgiques d’une atmosphère agréable, vivante, comme celle d’une belle matinée de fin de printemps, lorsque, aguichante au milieu d'une avenue animée, une terrasse suggère une pose café ou le partage d’un petit apéro (avec modération). Hélas, comme dans une voûte, tout se tient. Une histoire d'œuf et de poule, version commerce et services, trafic en filigrane. 

Fermeture du samedi : après les pharmacies, les salons de coiffure s’y mettent. Remarquons toutefois que les officines limitent en général leurs portes closes l’après-midi du sixième jour, et pour des raisons justifiantes. La loi impose la présence d’un pharmacien en titre aux heures d’ouverture. La désertion des centres-villes le samedi après-midi et les réalités purement comptables ne laissent aucun choix. Le vide attire le vide. Mais pour le salon de coiffure, rien de semblable. Dans Ouest France, la décision de fermeture du samedi d’une entreprise exploitant huit salons à Nantes et dans sa banlieue, le ton est différent. (La coupure de presse ci-dessus n'est qu'un exemple dans une tendance constatée) "C’est sûr, on va perdre des clients" concède-t-on, ajoutant en mêlant un peu tout que "depuis la pandémie, on a tous compris qu’on avait besoin de plus de temps pour profiter de la vie, de la famille…" Des lignes de force dans une entreprise passée il y a cinq ans à la semaine de 35 heures sur… 4 jours avec une nocturne le jeudi (mais une nocturne seulement jusqu’à 20 heures, soit l’horaire de fermeture normale pour bon nombre de pros du commerce). Soyons lucides. Ces belles explications, qui caressent dans le sens du poil les rêves de certains de travailler un minimum, pourraient bien dissimuler une stratégie plus directe. Les zones commerciales qui attirent en nombre la clientèle le week-end laissent une perspective de CA trop maigrichonne pour maintenir une ouverture du samedi, toute l’année, pour n’être au top que lorsque les fêtes approchent et que les coiffures se doivent d’être festivement parfaites. A-t-on déjà vu des responsables d'établissements de commerce ou de services baisser leurs rideaux de fer à des moments clairement profitables...? Du reste, en revanche, des créneaux sont ouverts par ce groupe de huit salons en région nantaise les jeudis et vendredis jusqu’à 21 heures, preuve que même dans cette entreprise, les managers savent ce que nocturne veut dire. 

Dans cet exemple, qui sont les "heureux" que fait, selon le titre, ce choix de fermeture...? Les coiffeurs et coiffeuses qui semblent se réjouir de leur moindre impératif de travailler un jour où les clients et clients ont du temps à leur consacrer. Il est possible que les vrais heureux soient plutôt ceux qui, travaillant dans des salons installés dans des zones actives ce sixième jour, vont récupérer la clientèle abandonnée. Que les heureux présumés s'emplissent de joie...! A ce rythme, ils pourront à terme ne plus avoir à travailler du tout... Youpi...!

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