AUTOMOBILE : les symptômes cachés d'un octobre noir pour les ventes en Europe.

Les derniers chiffres de ventes de voitures neuves sont assez préoccupants et leurs analyses pourraient sous-estimer certains comportements à propos desquels plane un certain déni.

- DVSM, 22 novembre 2021. L'automobile est en pleine déprime. En France, les ventes de véhicules neufs en octobre se sont repliées de 30%. On se pince, mais il faut bien y croire. Moins touchée, l'Espagne dévisse quand même à -20%. En revanche, l'Allemagne décroche à - 34,9%, et l'Italie s'effondre à -37,5%. Les constructeurs ne dissimulent plus leurs inquiétudes. Car s'ils mettent bien en évidence le handicap actuellement subi pour livrer, lié à la pénurie des microprocesseurs, ils savent que ce handicap risque de durer plusieurs mois, au mieux. Et que peut-être, ou même surtout, il ne vient que s'ajouter à d'autres facteurs structurels plus compliqués à combattre. A l'usine VW de Wolfsburg (photo), site historique* de la marque d'outre-Rhin, les esprits pourraient bien avoir un peu de vague à l'âme. Car dans cette nation riche d'une industrie automobile puissante, outre le repli des ventes, plusieurs enquêtes récentes viennent de mettre en lumière une attitude à laquelle on ne s'attendait pas forcément. Voilà que les consommateurs manifestent un intérêt désormais en repli pour l'auto électrique. Un étonnement qui n'est pourtant pas de rigueur, pour mille et une raisons. Par exemple, dans le monde occidental, le poids montant des générations seniors et au-delà (le baby-boom devenu papy-boom) tend à minimiser les motivations d'achat chez des consommateurs roulant de moins en moins. Autre cause possible, une sorte d'attitude attentiste face au bouleversement technique que le virage à l'électrique induit. Avec des véhicules qui, assez onéreux, limitent lourdement toute perspective de voyage au long cours, un "on attendra un peu pour voir" ne peut que peser dans la balance. On n'achète pas, on fait durer. Ce qui expliquerait aussi en partie le rush constaté sur les véhicules d'occasion, tous animés par des carburants peut-être condamnés à terme (là aussi, "on verra"), mais garantissant la poursuite des pratiques bien arrimées dans les usages. Les natifs des années 50, devenus septuagénaires -entre un quart et un tiers de la population totale, part en progression- peuvent ainsi se rassurer en adoptant des véhicules abordables et aptes, en particulier, aux grandes migrations familiales typiques de périodes de fêtes ou de vacances. Et à bien y réfléchir, une famille nantaise, lilloise, parisienne, peut-elle rejoindre électriquement et à coup sûr les pentes alpestres pour quelques descentes sur une vivifiante poudreuse...? Les autonomies de 600 km au plus, pour les modèles les plus chers, suggèrent la réflexion.

Cette réalité qui reste fort peu évoquée impose aussi que soit finalement tempérée la récente satisfaction face aux supposés excellents scores de cette automobile électrique, dont le poids de 20% dans les ventes (mais seulement de 10% pour les électriques intégrales, l'autre moitié concernant les hybrides rechargeables, donc quand même un peu à moteur thermique) s'applique de fait à un "total marché" européen passablement émoussé. Mais est-ce bien correct de décrire les faits et les chiffres -des têtus parmi les têtus- de cette manière que d'aucuns pourraient trouver insolente...? 

* Qui exploite 116 unités de production dans le monde dont 19 en Europe.

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