TÉLÉFOOT : ultimes minutes rappelant la fin d'une "5", 30 ans après, dans un tout autre monde...!

L'épilogue d'une probable espérance déraisonnable pour un sport populaire souligne à quel point le paysage audiovisuel a changé, et les spectateurs également.

- DVSM, 9 février 2021. Les téléspectateurs qui avaient 30 ans quand la "5" d'alors éteignait ses lumières en ont 60 ou presque aujourd'hui. Le 12 avril 1992, cet échec avait déçu. Au point que durant quelques mois, la dynamique du marché des écrans s'en était trouvée émoussée, signe que, plus que l'équipement électronique, ce sont bien les contenus qui motivent le public. Les écrans, à cette époque, n'étaient autres que ceux des téléviseurs. Et la montée en puissance de l'équipement, amorcée vers 1984-1986 (après quelques flottements légèrement négatifs, avec pas plus de 2,5 millions de récepteurs annuellement vendus dans l'Hexagone) avait bel et bien été nourrie par l'apparition de nouveaux canaux, dont Canal+, puis les éphémères 5 (version Berlusconi- Hersant) et TV6. Plus d'un quidam se prenait enfin au jeu consistant à compter les chaînes disponibles, choix si longtemps resté bloqué sur le chiffre 3. Cette métamorphose s'épanouissait encore un peu plus cette même année 1992, avec l'apparition d'un bouquet en réception satellitaire (encore Canal), riche de 14 canaux et d'une notion qui n'a pas disparu et se symbolise par : "combien ça coûte..."

C'est d'ailleurs sur ce délicat problème de l'argent, de la taille et des possibilités d'extensions d'un marché que le dernier écran de Téléfoot vient d'être basculé sur OFF. Plus un seul quidam n'est à présent capable de dire à combien de chaînes de TV il peut accéder, en compétition permanente avec ce qu'il peut aussi regarder sur sa tablette, son notebook, son smartphone. D'ailleurs, au-delà de l'écran, au-delà des chaînes, le temps se partage entre la TV, le différé (ou replay), les séquences YouTube, Netflix... Face à ce qui est une abondance, voire surabondance, le foot est peut-être aussi légèrement émoussé. Le public aime, puis s'habitue, avant de tomber dans ce qu'il prend pour une routine. La victoire française au Mondial de 1998 était arrivée comme une sorte de libération, après des années de résultats longtemps médiocres, mais se bonifiant doucement. Celle de 2018 confirmait que le titre était à la portée de nos stars. Presque banal. Mais qui n'avait pas noté qu'après les premiers pas de l'homme sur la lune en 1969, (nous voici déjà presque dans l'Histoire) les missions Apollo habitées à destination de notre satellite naturel étaient bien vite tombées dans une certaine indifférence. A coup sûr, il n'est pas mort, mais peut-être un peu mois percutant, ce foot d'aujourd'hui, qui demande davantage de mesure dans les élans. Et pourtant, dans cet épilogue, on a vu des larmes qui n'avaient rien de commun avec celles des crocodiles, après une existence plutôt courte. Comme dans toute aventure, une fin n'est jamais synonyme que de chagrin. ​ 

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