En 2001, des biens électroniques innombrables promettaient une montée jusqu'au ciel. Celle-ci a bien eu lieu, avant une chute tout aussi vertigineuse.
- DVSM, 30 décembre 2020.
- Derniers jours de la seconde décennie du nouveau siècle*. Désolation, terre brûlée…? L'univers du numérique est-il devenu un trou noir dans lequel tant de choses auraient à tout jamais été absorbées…? Voici le plus lugubre des volets de cette vision de fin de saison. Pardon... "Il n'y a plus grand-chose à vendre… L'ère de l'EGP et même du numérique est-elle déjà moribonde…?" Telle pourrait être la question taraudant l'esprit de chaque professionnel. Une sorte de chant du cygne qui se mêle au marasme d'une lutte contre un méchant virus, désordonnée et coûteuse pour le terrain, comme pour remuer les couteaux dans la plaie. "Il n'y avait que des croissances, il n'y a plus que des régressions". Coup d’œil dans le rétro...
La plus spectaculaire des ascensions de cette période qui ont été suivies d'une plongée mortifère restera celle de la photo numérique. Un univers qui, d'ailleurs, ne s'était mêlé à l'électronique que du bout de ses pixels, à travers des mémorables impasses comme celle du Photo-CD imaginé et lancé par Kodak à la manière d'une révolution, mais vu par les spécialistes de l'informatique** que comme une simple et nécessairement éphémère préconisation pour le stockage de fichiers photographiques. Alors que les appareils argentiques avaient culminé en France dans leurs ventes en volumes aux alentours de 2,5 millions de pièces vers 2001-2002, l'APN va entrer dans ce créneau comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il avait un inconvénient souvent considéré comme rédhibitoire : l'utilisateur devait aussi posséder un ordinateur (et savoir l'exploiter avec un logiciel photo, de préférence). Mais face à cela, apparaissait un atout irrésistible, souvent minimisé, voire ignoré par pas mal d'analystes (donc inattentifs): avec l'APN, la photo devenait gratuite...! Toutefois, avec initialement des qualités limitées. Lesquelles n'ont cessé de progresser, et progressent encore. Les APN ont culminé, en France, à plus de 5 millions de pièces vendues annuellement. Sans que les pros, fabricants et réseaux de distribution, ne voient venir les nuages portés par un adversaire, le smartphone. L'Hexagone s'est depuis inscrit dans la tendance mondiale. La photo numérique a, comme chacun le sait, dangereusement chaviré. Son côté professionnel la maintient désormais, tel un ultime brin d'herbe.
Fortunes diverses, on ne compte plus les produits au potentiel jugé explosif, qui ont finalement fait feu de paille en rayons. A l'image du cadre photo, la relativement mauvaise idée. Identifié lors de son meilleur exercice comme le produit de l'année, il s'est révélé finalement moins palpitant. Les adaptateurs TNT ont tutoyé les sommets. Mais, l'obsolescence programmée politiquement correcte n'aura apporté qu'une phase éphémère de bons volumes. De leur côté, les lecteurs de CD et de DVD ont à leur tour enchaîné sur la mort naturelle du magnétoscope, qui se vendait encore à plusieurs millions d'exemplaires au cours des années suivant immédiatement l'an 2000. Le Laserdisc, dans la bataille, a été expédié au musée par le DVD. L'autoradio est devenu un tout petit occupant dans les linéaires, ayant mis un genou à terre face à la première monte. Le GPS a subi le même sort ou presque, sauvé en partie par le marché des automobiles d'occasion et le boom des camping-cars. Quant aux consommables, dont les cassettes audio et vidéo, les disquettes, les films photo, les CD et DVD vierges… ils ne laissent que de volumineux souvenirs.
Stop à cette liste en forme de bilan post-catastrophe. Non, l'électronique n'est pourtant pas totalement défunte. Mais elle se doit d'exister en pensant davantage aux consommateurs, à des fonctions que les chalands jeunes doivent découvrir au gré des rayons, les fournisseurs ayant pour leur part un rôle moteur à jouer. Oublions le passé, songeons aux saisons qui arrivent. N'est-ce pas du fond de la piscine qu'il est le plus commode de remonter...?
* Tout comme l'an 2000 était la dernière année du XXème siècle, et non la première du XXIème, puisqu'il n'y a pas d'année "zéro".
** L'auteur de ces lignes, à l'époque aussi pilotant le mensuel professionnel "Vente Informatique" mesurait cette distance entre un univers micro en fulgurante évolution quotidienne et cette tentative de figer ce qui voulait vainement ressembler à un standard.
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