Le commerce en ligne n'est pas ce que croient responsables, commentateurs et consommateurs. La firme américaine Amazon est devenue par cette ignorance une bête noire à abattre, cible facile dans un étrange concert d'hostilités. Et pourtant...
- DVSM, 19 novembre 2020. La firme de Jeff Bezos n'est qu'un acteur du vaste monde du commerce en ligne. Certes puissant, elle semble être désignée comme responsable des déboires des "petits" magasins et en particulier des librairies. Un chapeau un peu trop grand, même pour un géant de la distribution en ligne qui, les consommateurs ne le savent pas forcément, permet à de nombreuses entreprises (dont certaines sont françaises) d'utiliser sa présence sur le net pour vendre leurs produits, via ce que l'on appelle "market place" (place de marché). Une conception qui n'est autre que ce qui se pratique depuis fort longtemps dans le commerce physique*.
Le commerce en ligne a certes pris une place significative dans l'univers de la distribution, mais il n'y est pas dominant, loin s'en faut. A l'image de l'hypermarché il y a 20 à 30 ans, il est désigné comme le canal concurrent dont certains se demandent s'il va dévorer tous les autres, voire prophétisent cette évolution. Il n'en est probablement rien. Alors qu'il est désormais "installé", de nombreuses enquêtes démontrent que le public reste finalement largement attaché aux magasins classiques, petits ou grands. Les statistiques qui impressionnent en relatant les prouesses des ventes "on line" sont des agrégations de tous les achats en ligne, dans lesquels des marchés comme celui des titres de transport (train, avion, cars...) ou celui des réservations hôtelières sont intégrés et occupent une part donnant au panorama global une image trompeuse, qui ne se retrouve pas dans les segments liés à des produits. En outre, la distribution physique se sert aussi de cette capacité à vendre en ligne, ce que ne font pas seulement les grandes enseignes.
Dans un climat rendu peu respirable du fait d'une gestion plus que malhabile du confinement, indispensable pour lutter contre la pandémie, des tensions naissent entre des pans de l'activité économique que le pouvoir aurait pu et dû éviter, avec un peu de méthode. A force de se croire bien inspiré en donnant des ordres et des punitions (plus de 150.000 infractions relevée), le "pouvoir" manque sa véritable mission qui serait d'emporter une adhésion d'ampleur en associant le public à une offensive contre le virus.
* C'est par exemple le cas dans des grands magasins parisiens, comme le BHV, où des rayons dédiés sont exploités par des acteurs extérieurs, comme ce fut aussi le cas chez le défunt spécialiste micro Surcouf.