
Pas vu, pas vendu ! Cette maxime incontestable n'a jamais cessé de se vérifier, dans aucun domaine. Les mécanismes de la distribution ont pour conséquence d'accélérer les désintégrations. Constat...
- DVSM, 30 juin 2020. Le dématérialisé semble conquérir doucement mais inexorablement l’ensemble de la diffusion des biens culturels, livres, disques, DVD. "Semble conquérir" n'est qu'une formule, car en réalité, le pli est pris, peut-être irréversible. Pourtant, des enseignes maintiennent une offre physique significative et paraissent ne pas voir leur activité tomber dans le travers de ce dépérissement par la disparition des supports. On retrouve même ce courant d'affaires de temps à autre dans les publicités "boîte aux lettres", aux côtés des actions de communication d’autres acteurs du terrain, alimentaire, meuble, bricolage, habillement, jardinage, etc. Ce qui tend à démontrer que rien n'est totalement perdu et que cette stratégie reste même positive et couronnée de succès. Les responsables de la distribution n’ont pas l’habitude de poursuivre des dépenses publicitaires si celles-ci ne sont pas efficaces. D’où cette question. Après que les enseignes en tout genre se soient désengagées de l’essentiel des produits culturels audiovisuels, faudrait-il mettre en évidence une erreur de diagnostic ? En clair, sans ce désengagement des rayons et linéaires, les ventes physiques auraient-elles autant perdu de leur potentiel ? Même interrogations pour tout le "non dématérialisé"...

C'est dans ce constat que se pose une question cruciale. La politique consistant à réduire la largeur de l'offre pour des familles qui se vendent moins (mais se vendent encore) est-elle pertinente ? Elle a pour les chalands un effet terrifiant. Montrer un rayon en train de rétrécir, des choix devenir très limités, revient à mettre en évidence dans l'inconscient de la clientèle l'essoufflement de bien plus qu'une ligne d'équipements. C'est d'une habitude culturelle que le public se sent dépossédé. Ne serait-il pas plus adroit de conjuguer ce genre de manœuvre avec un merchandising revisité ? Moins large, mais plus explicite, plus lisible, plus informatif, plus didactique, plus motivant ? Sur ce point précis des produits culturels, si la tendance est dans l'exploitation des plateformes et dominée par l'ouragan des ressources "en ligne", (largement stimulé par les initiatives promotionnels de l'attelage opérateurs télécoms et… plateformes), il reste dans un public vaste une envie de conserver, très matériellement, livres, disques, films… (Et chez Ikea le souci de pouvoir proposer ce qu'il faut pour continuer à les ranger proprement). Dommage, dans ce réflexe destructeur, d'oublier d'en profiter, tant pour les ventes que pour le trafic, et globalement, l'attractivité de tout magasin. Il y a des pommes de terre nouvelles une fois par an. Des nouveaux disques ou livres tous les jours... C'est un avis…

