Même en période de confinement, le défilé des communiqués décrivant le concept et la forme du magasin dit "du futur" n'aura marqué aucune pause. Et pourtant, cette période très inhabituelle vient d'être révélatrice....
- DVSM, 11 mai 2020. Vous cherchez quelques points communs à tous ces concepts ou projets élaborés, parfois sous les effets d'on ne sait quel breuvage, décrivant le commerce d'un monde à venir ? En voici quelques-uns. Finis les vendeurs, des produits que l'on ne choisit plus en les regardant, en les touchant, mais en réalité virtuelle, plus de paiement autre que dématérialisé, et peut-être même plus de clients... En somme, un peu comme le commerce en ligne, en mieux, ou pire, selon les affinités des uns et des autres.
Il suffit parfois d'un imprévu, comme par exemple une pandémie qui bouleverse tout sur son passage, pour que des réflexes révélateurs surgissent. Mieux que toutes les enquêtes d'opinion et autres sondages, notre ennemi chéri, le coronavirus, aura au moins eu un rôle constructif. Il a mis en lumière la franche et viscérale envie du plus grand nombre de retrouver au plus vite ses points de vente habituels. Quitte à supporter des attentes longues à distances également longues entre le consommateur de devant et le chaland qui suit. Pourtant, les offres obéissant aux critères d'une distribution déjà bien dématérialisée ont foisonné. Et les ventes en ligne de ce qui soudain devenait impératif ont gonflé. Mais l'envie du bon vieux point de vente est restée plus présente que jamais. Quelle extrémité n'avait-elle pas été atteinte quand le confinement s'est abattu sur les marchés ! Intolérable, au point qu'il a fallu faire machine arrière dans bien des endroits où la volonté de pouvoir trouver des produits frais, vraiment frais (et pas de la rikiki tomate insipide) avait pris trop de place dans les opinions.
Si le commerce à travers les âges a toujours conservé l'essentiel de ce qui le caractérise, et qui n'est autre qu'une relation entre individus, c'est probablement parce qu'il y a de bonnes raisons à cela. Osons cette prophétie : les probabilités sont grandes pour que le magasin du futur soit très proche de celui d'un certain passé, certes armé de tous les atouts que la high-tech peut déjà et pourra, progrès aidant, lui apporter, mais d'un abord... humain pour le chaland avant tout. Voir avec ses propres yeux une viande ou un poisson, réagir avec une vision non virtuelle à un gâteau d'anniversaire, essayer une veste ou un pantalon avec ses propres formes, voire ses indésirables bourrelets, face à une vrai glace, faire quelques pas avec des chaussures pas encore choisies, prendre en main deux ou trois marteaux et soupeser avant de n'en acheter qu'un seul... ou les deux, les bons vendeurs étant aussi des acteurs essentiels pour le CA… Si l'humain et le concrets sont chers aux clients, la prestation purement humaine est également indispensable à l'enseigne. Sachant par talent et expérience réunir l'intérêt de l'établissement et le choix pertinent du consommateur, une osmose présente de tous les instants dans les rayons, l'intervention de l'acteur vrai est tout aussi irremplaçable à l'heure présente, et probablement pour au moins encore quelques siècles. Osons cette prophétie : le magasin du futur est probablement rien d'autre que le magasin de toujours.