Les annulations de stands ne sont qu'une infime composante du désastre, le mot n'est pas trop fort, découlant de l'annulation du rendez-vous mondial des télécoms.
- DVSM, 24 février 2020. Rien, personne, le calme plat. L'imposante place d'Espagne en ce morne matin subit laconiquement sa seconde retombée au rang de banal rond-point parmi tant d'autres, tout juste redevenu nœud à bouchons faisant pester chaque matin taxis et automobilistes. Seconde retombée.? En effet, cette majestueuse place (photo) fut durant des années le point d'entrée du MWC, avant qu'une migration vers le nouveau centre d'expositions jouxtant le complexe et centre commercial Gran Via2* ne la prive chaque année de son éphémère statut de point focal des télécoms pour la planète toute entière. Un statut conquis de haute lutte il y a plusieurs années lorsque Cannes, sans doute mieux inspirée par le cinéma, ne parvenait plus à accueillir un événement aussi exigeant en structures et gourmand en mètres carrés**. Et un salon reconquis ensuite par Barcelone quand l'organisateur avait remis en compétition plusieurs métropoles européennes, dont Paris, lamentablement éliminée.
Au-delà de cette épreuve, il ne faudrait pas oublier des conséquences plus terre à terre. L'effondrement total de toutes les prestations au sein même de l'expo, les restaurants, les bars, les hôtesses de l'organisation et celles qui, intérimaires, allaient accueillir sur les stands est en lui-même une grave conséquence. Autres victimes, les aménageurs de stands. Avec pour eux un point particulier, puisqu'à seulement deux semaines de l'événement, la quasi-totalité des éléments avaient été longuement préparés, avec les départements marketing et communication des firmes exposantes, et du reste, bien des structures avaient déjà été construites, prêtes à être acheminées et installées.
Pour l'hôtellerie, la peine n'est pas moins cruelle. Car les 110.000 visiteurs attendus auraient nécessairement dû dormir quelque part, les équipes des exposants aussi, sans oublier les locations de salons pour séminaires, présentations aux clients ou partenaires annulées... Sans oublier non plus les lieux prévus pour les innombrables réunions internes, toutes les équipes étant sur place et donnant l'occasion aux firmes de faire des briefings à 'en plus finir. Tout s'arrête subitement. Les ardentes et épuisantes recherches d'encore quelques disponibilités en chambres, suites, salons deviennent inutiles.
On se raccroche comme on peut. Les promos vers la métropole catalane ont vite été imaginées. La "fenêtre" de tir aura cependant été fort brève, les compensations presque illusoires.
Les transports viennent aussi de basculer dans un néant inattendu. Les compagnies aériennes au premier rang, avec une double peine pour elles, puisque les milliers de réservations pour un moment chaud se font aux tarifs maximums. Le low-cost reprend ses droits comme aux saisons les plus calmes, sans même la certitude de remplir tous les sièges. Les pertes sèches de CA concernent aussi de nombreux longs courriers. Quel professionnel n'a pas éprouvé quelques difficultés pour réserver à bord de vols pour l'autre bout du monde quand à destination, se profile un rendez-vous majeur…? Les trains, les taxis, les loueurs d'automobiles, les transporteurs routiers qui auraient dû véhiculer des éléments d'expo, les compagnies d'autocars…
Autant de points, dans une énumération sans doute très incomplète, qui rappellent qu'au-delà des sujets traités, l'organisation de grands salons reste une composante essentielle pour les économies locales. A la merci de bien plus petit qu'un grain de sable...
* Ikea, Carrefour, grande galerie marchande, le "Parly II" de la cité catalane.
** Réussissant cependant à coller avec abondance des PV de stationnement à tous les participants n'ayant pas trouvé la moindre place pour garer leurs véhicules.