PAPIN ET CUGNOT assignés par des éleveurs de chevaux de trait…

Le progrès fait inexorablement plonger des outils dans le musée des antiquités, et cela ne plaît pas à tout le monde.

- DVSM, juillet 2018 – Les avocats vont se régaler…! Papin, pas le footballeur, l'homme de la vapeur, et Cugnot, avec son fardier, ancêtre de l'automobile, n'ont pas fermé l'œil. Si géniales que soient leurs innovations, elles mettent à mal le fonds de commerce de ceux qui, grâce aux attelages, assurent les transports des individus et de nombreux biens. Et ceux-ci se rebiffent. Quelle angoisse...!

Tenez, l'un d'eux, installé à Bondy, bien avant que les frères Darty y ouvrent boutique, a permis à un couple probablement royal de poursuivre sa course, peut-être bien fugitive, vers Varennes, en assurant leur premier relais depuis Paris. En ce mois de juin 1791, le tenancier avait entendu parler de ces engins qui, avancent sans le moindre animal pour en générer le mouvement. Le procès qui s'annonce est justifié, il faut réclamer des indemnités pour les profits perdus. Bien sûr, ceci n''est qu'une "fake news".

Ce qui en revanche n'a rien d'une fausse nouvelle est l'initiative des chauffeurs de taxis londoniens qui vont réclamer à Uber par voie de justice plus d'un million de livres (sterling) pour des recettes envolées. Et une action de plus…! Cela devient une routine, presque une rengaine. Les prouesses du numérique changent la vie. Et aujourd'hui, le progrès est certes salué, mais aussi désigné comme une grave source de préjudice. Les... réseaux sociaux participant à cet élan, dont profitent les plaignants. En ont-ils seulement conscience. N'y a-t-il pas dans ce progrès qui décuple la force des actions contre... le progrès un paradoxe étrange...?

Certains ont à l'évidence la conviction que rien ne doit plus changer, afin de ne pas écorner leurs habitudes et leurs revenus. Même si, par ailleurs, les apports du progrès sont d'ampleur. Fallait-il mener un combat contre la pénicilline, son efficacité ayant sans doute mis à mal les comptes des producteurs de médicaments nettement moins efficaces contre les infections...? 

Toutefois, d'autres acteurs de notre vie de tous les jours ne perdent pas le nord. Du côté de Bercy, nous venons d'apprendre qu'il est tout simplement envisagé de solliciter fiscalement via des prélèvements obligatoires les recettes engrangées via les plateformes du Web. Toutes, allez, hop...! C'est du réflexe à court terme. Par exemple, les échanges ou locations de logements qui, certes, font perdre des recettes via la filière hôtelière, permettent en revanche à des touristes n'ayant pas les moyens de s'offrir des chambres aux tarifs parisiens, de pouvoir quand même visiter la capitale, et de fait d'alimenter son activité économique (en déjeunant au restaurant, en visitant des monuments, en achetant des souvenirs...). Ce qui est pour notre ex-Lutèce nationale mieux que si ces touristes optent pour un lointain séjour exotique à bas coût…

Tout au long de l'histoire, les progrès techniques se sont succédé, et ils ont toujours apporté des conséquences positives, même si les transitions ont souvent été traversées dans la douleur pour certains. Sans doute est-il préférable d'entrer au plus vite dans l'innovation. Reconnaissons que ce n'est pas toujours facile, et même parfois, impossible.