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Le Vieux Continent traverse une zone de turbulences. Mais où sont les liens et solides fondements qui auraient pu y attacher ses citoyens, les européens...?

L'édito d'Yves Dupré.

Quels que soient les sujets abordés, les pays de ce que l'on appelle avec beaucoup d'optimisme "l'Union" font surtout preuve de désunion. Et ainsi, grandit une frayeur de plus en plus concrète. Et si ce bel et louable édifice venait à craquer...? Pardon de le souligner, le craquement a déjà eu lieu. Le souhait des britanniques (ou plutôt des anglais) pour une sortie via le vote démocratique d'un brexit aux conséquences très mal cernées est un craquement majeur, par rapport auquel les réactions sont plutôt déconcertantes. D'une manière générale, les discours qui restent dans le "correct" se résument à montrer d'un doigt accusateur ces "idiots" d'insulaires décidés à déserter. En réalité, il semble plutôt que ce soit bel et bien cette Europe la seule vraie coupable de cette rupture. S'en rend-elle compte, elle qui n'a même pas réussi à donner envie à nos cousins d'outre-Manche de ne surtout pas quitter le navire, en dépit de tous les avantages supposés découler de cette construction originale.

Vu de l'extérieur, comprenez, des autres continents, trois piliers, comme les trois pattes d'un tabouret, devaient servir à lui assurer une stabilité, l'Allemagne, la Grande Bretagne et la France. En y additionnant le Benelux, entre 220 et 230 millions de consommateurs constituaient un socle économique et un PIB déjà très charpenté pour s'organiser avec le reste de la planète. Cette clé de voûte aurait en outre été assez robuste si les dirigeants économistes distingués, si prompts à dispenser conseils et donner des leçons, n'avaient pas commis l'incroyable bévue consistant à vouloir faire fonctionner dans un même modèle des pays aux caractéristiques économiques, culturelles et sociales si dissemblables. On voit le résultat.

De surcroît, plutôt que de chercher à construire cette Europe, chacun a non sans obstination continué à cultiver jalousement son pré carré. C'est vrai dans pratiquement tous les domaines, distribution incluse. Certains ont peut-être en mémoire cette interpellation d'un fabricant lors d'une conférence organisée par GfK à Nuremberg, lorsque le "grand marché" était devenu juridiquement réel, le 1er janvier 1993. "Où sont vos structures d'achats au niveau européen" avait-il demandé, (cela fait un quart de siècle...!) sans réponse. Ceci alors que sur notre propre sol, régionalement, et par le biais des célèbres commissions, départementales et nationale, gérant l'équipement commercial, on en était encore à éviter par tous les biais possible à éviter la confrontation concurrentielle.

Aujourd'hui, une fissure majeure est en train de se creuser, au plus risqué de tous les niveaux, celui des individus. Les citoyens de cette union en ont marre...! N'importe quel prétexte peut entraîner un épilogue façon dominos. Hélas, les sujets sur lesquels l'Europe n'a pas été capable, en 25 ou 70 ans (Traité de Rome, mais désormais, peu importe ce temps qui s'écoule) de réaliser un minimum d'harmonisation sont légion. Une grève de la SNCF vient de pénaliser un peu tout le monde dans l'Hexagone. Sait-on, quand on n'est pas spécialiste, qu'en France, les trains roulent à gauche (sauf en Alsace), avec deux types de courant d'alimentation, 1500 volts continu et 25.000 volts alternatif. En Belgique, le courant est différent, la signalisation aussi. En Hollande, troisième type de courant, pour des trains qui cette fois roulent à droite, comme en Allemagne, mais avec des signalisations encore différentes. D'où un multiplication des incompatibilités matérielles ponctuelles ou globales et dans les ressources humaines... Sur le plan militaire, la dissonance est tout autant, voire plus manifeste. Etc.

Et de surcroît, pas un politique n'oublie de mentionner de faux exemples, comme celui d'Airbus, réussite "européenne", dit-on...? Non, mais plutôt réussite d'individualités, des entrepreneurs compétents qui ont lancé, non sans quelques bâtons dans les roues venant d'assez haut, leurs premiers appareils dès 1967 (comme le Concorde), ont ensuite développé et vendu leur mono-couloir à succès (ligne A320) dès la fin des années 70 (presque 15 ans avant ce janvier 93 si prometteur...). L'Europe n'a pas fait Airbus, Airbus s'est même parfois fait malgré l'Europe...

A présent, l'Union se heurte à des réticences d'une tout autre nature, avec d'une part le problème des migrants et des réfugiés, et d'autre part la compétition commerciale internationale, certains parlant de guerre, du fait de la résurgence d'un protectionnisme très épineux. Hélas, durant ces 25 à 70 ans écoulés, nos dirigeants qui, dans leur indéfectible modestie, ne cessent de s'affirmer si compétents, n'ont pas réussi à mettre en place la moindre fibre citoyenne, un truc qui prendrait les individus aux tripes (pardon pour cette familiarité), capable de préserver l'Union des conséquences potentiellement catastrophiques d'une dislocation partielle ou totale. Encore bravo...!

    

 

Tag(s) : #L'info en temps réel, #- Edito par Yves Dupré
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