Conséquence d'un téléviseur ayant cessé de faire l'audio...
Natif d'après guerre, le téléviseur fut d'abord un meuble. Cette innovation avait en effet pas mal de choses lourdes et encombrantes à dissimuler. Ce qui fut fait par le truchement d'une ébénisterie majestueuse qui, par ailleurs, permettait aussi de rendre plus discret un équipement dont la possession n'était pas pour tout le monde synonyme de bon genre. Puis, alors que le tout-écran gagnait du terrain, le col d'une dimension plus que respectable du tube cathodique imposait un habillage protecteur. Ce dernier s'est volontiers prêté à l'intégration de transducteurs de taille correcte, le boîtier servant ainsi d'enceinte improvisée, procurant une illusion acoustiquement qualitative acceptable pour la majorité des pavillons (d'oreilles, naturellement). La bataille du Nicam (à ne pas confondre avec celle d'Auray) a même permis dans les dernières années du cathodique de proposer des téléviseurs en versions stéréophoniques (perfectionnement avec lequel le son originel de notre pédant SECAM était incompatible). Bien mieux que les bi-colonnes dont nos linéaires furent nourris en abondance.
Mais avec plasma, puis le LCD, le relief audio est progressivement retombé dans le plat, sa plus élémentaire qualité étant de ce fait sacrifiée. Ce non sous une impérieuse nécessité technique, mais à cause d'une curieuse stratégie teintée de beaucoup de panurgisme, tout constructeur tellement fier de ses dalles ne pensant plus qu'à en réduire les bordures, oubliant que le contenu sonore de tout ce qui se regarde sur un écran prenait au contraire de multiples dimensions.
C'est alors que Yamaha est arrivé avec ses barres de son capables de reproduire, au prix d'une technique assez sophistiquée, les ambiances sonores complexes, des percussions des Crystal Fighters aux infrasonnistes battements de rotor de tout hélicoptère traversant le séjour. Initiative qui a été, comme cela était inévitable, copiée par une galaxie de concurrents, proposant des versions élaborées, d'autres moins, et même, MDD aidant, de pâles imitations, ayant malgré tout le mérite de propulser un peu de son comestible, denrée inexistante même sur certains TV aux noms et tarifs ronflants.
Conséquence, que souligne GfK, la catégorie est radieuse. Le paneliste européen en prévoit pour 2017, en les associant aux enceintes sans fil, une progression en valeur de 14%. Pas un point de vente, pas un rayon, n'échappe à l'exposition d'une offre de plusieurs modèles, rarement moins de 5 à 6 références, et naturellement davantage lorsque un auditorium hi-fi vidéo fait partie de la panoplie du magasin. Toutefois, selon nos constatations sur le terrain, l'écoute est très rarement au programme. Le caisson supposé jouer le même rôle tout en supportant physiquement un piétement de téléviseur même un peu lourd ne semble pas suivre le mouvement avec autant de dynamisme. Pour la fin 2017, aucun doute, l'offre en barres ne doit pas fléchir.