Des repères essentiels pour les industriels comme pour la distribution s'avèrent presque insaisissables dans l'univers du numérique mobile connecté. Ce qui rend les stratégies très aléatoires.
La principale difficulté rencontrée sur les marchés des équipements numériques de notre époque se situe dans la détermination des durées de vie et des saturations. Combien de temps un smartphone ou une tablette peuvent-ils être exploités par un utilisateur avant que celui-ci éprouve l'envie ou le besoin d'en changer ? De quel équipement cet individu ferait-il l'acquisition si cette tentation pour un renouvellement venait à son esprit ? Et de ce fait, à quel taux d'équipement ces différents produits auront atteint leur niveau optimal ?
Pas facile de répondre, et encore moins de planifier sur les durées incompressibles que suppose toute approche industrielle suivie de ce qui la prolonge, de la définition d'un équipement jusqu'à sa prise de possession par le client. Les biens techniques classiques ne posaient et ne posent toujours pas ce même problème. La durée de vie d'un téléviseur, d'un réfrigérateur, d'un lave-linge ou même d'une automobile résulte d'une synthèse entre l'usure technique et des facteurs assez subjectifs, allant jusqu'aux tendances de la mode. De plus, le renouvellement en lui-même obéit à un scénario limpide. Au cœur du salon, un téléviseur à bout de souffle ne sera remplacé que par un autre téléviseur.
A présent, un smartphone peut être remplacé par une phablettes, une tablette par un notebook très compact, etc. Des arbitrages qui ne supposent en rien l'abandon par l'utilisateur des fonctions et usages entrés dans ses habitudes. C'est d'ailleurs une nouvelle mais importante constante propre au numérique.
La portabilité des usages s'est ainsi doucement invitée dans la vie de tous les jours. Rappelons-nous de l'envolée des ventes initialement axées sur les PDA enrichis d'un soft GPS, vite interrompue par les GPS "devices" dont les cessions ont à leur tour fondu comme neige au soleil (sans totalement disparaître). Et pourtant, jamais l'usage du guidage GPS n'a été aussi répandu qu'aujourd'hui, "récupéré" par les stations multimédia (de première monte ou d'aftermarket) et les... smartphones.
Il reste que pour un industriel, fabriquer des smartphones ou des notebooks n'a rien de similaire. Dans les statistiques que publient les analystes, apparaissent régulièrement des fluctuations d'ensemble au sein desquelles figurent des progressions et des dégringolades parfois spectaculaires, résultats d'accélérations ou de pédales plus douces sur des créneaux précis de la part de certains producteurs.
Bon ! Une fois exposé très schématiquement le problème, seule subsiste la constatation la plus élémentaire : savoir que l'on navigue dans le brouillard ne suffit pas à restituer la visibilité. Un utilisateur explique : "Avec mon iPhone 4S et mon iPad 3, tout va bien, j'y suis habitué et je n'ai aucune raison d'en changer". Combien sont-ils à raisonner de la sorte ?