De la télédiffusion de grand papa, il ne reste plus rien, sauf… des antennes d'émission plantées en haut de belles collines de pylônes imposants et d'audacieux édifices. Est-ce bien raisonnable ?
Il y a quelques années, DVSM avait eu le très insolent toupet consistant à s'interroger sur la pertinence de l'établissement d'un réseau hertzien de diffusion de la télévision (la TNT), la télé étant alors mondialement en pleine migration vers le numérique. Une interrogation et un doute qui s'appuyaient sur la perspective d'ores et déjà irréversible de voir, aux côtés du satellite, se construire à brève échéance des infrastructures dédiées à la transmission des données, aux débits de plus en plus rapides, en clair, l'ADSL et sa descendance. Il était en effet parfaitement justifié d'approcher le sujet sur un registre économique, concernant l'installation et ensuite l'entretien d'un parc de plusieurs milliers d'émetteurs. Et encore, loin d'avoir tout mis sur la table, nous n'avions même pas osé évoquer le bouillant secteur des télécoms et ses générations successives, dont bien rares étaient les observateurs estimant qu'il pourrait à son tour entrer dans la danse. 3G, 4G et bientôt 5G en bandoulière, les "opérateurs", certes aussi avec des pylônes, boxent (c'est drôle, ça, non ?) dans une tout autre catégorie.
Lancée en 2005, deux ans avant l'apparition de l'iPhone et des smartphones, la TNT n'est cependant en rien à mélanger avec le principe et la pratique de la télévision numérique, que le satellite a permis de concrétiser, multiplication du nombre de canaux incluse, environ 10 ans plus tôt. Mais pour avoir suivi les dossier d'assez près, il est vrai qu'il y avait à l'origine du projet de cette TNT en France plus de préoccupations à caractère plus ou moins politique, au sens large, que de velléités d'amorcer l'histoire de la haute définition, voire même de passer au 16/9.
Aujourd'hui, et alors que le… satellite a finalement été le seul moyen ayant permis de venir à bout des zones hertziennement blanches, la situation chez les consommateurs nous est incidemment livrée par Médiamétrie (comme nous avions déjà eu l'occasion de le souligner), à l'occasion de ses pointages d'audiences.
Et comment ne pas ponctuer ce constat par un "Tout ça pour ça !" de circonstance.?Sur 58 millions de foyers équipés TV, 49,7 millions utilisent un mode de réception autre que la TNT.
Les équipements des téléspectateurs aujourd'hui :
Total équipés TV : ensemble des personnes de 4 ans et plus équipées à domicile d’au moins un poste de télévision quel que soit le mode de réception : hertzien numérique (TNT), câble analogique et numérique, satellite, TV par ADSL. (Source : Médiamétrie - Médiamat 201)
Réception Satellite : ensemble des personnes de 4 ans et plus vivant dans un foyer équipé d’au moins un téléviseur relié au satellite, avec ou sans abonnement. (Source : Médiamétrie – Médiamat issu de Home Devices – novembre-décembre 2016).
Réception Câble : ensemble des personnes de 4 ans et plus vivant dans un foyer équipé d’au moins un téléviseur relié au câble, avec ou sans abonnement. (Source : Médiamétrie – Médiamat issu de Home Devices – novembre-décembre 2016).
Réception TV par ADSL : ensemble des personnes de 4 ans et plus vivant dans un foyer équipé d’au moins un téléviseur relié à un service de télévision par ADSL.(Source : Médiamétrie – Médiamat issu de Home Devices – novembre-décembre 2016).
Certes, la TNT a permis de franchir le pas entre les analogiques à la définition souvent très émoussée par les conditions de réception (en numérique, le "moyen" n'existe guère, si c'est bon, ça passe, sinon, rien à l'écran). Et il est question, dans cette infographie signée Médiamétrie, du récepteur principal de la résidence ou se situe la spectateur. Le tableau est certainement plus pessimiste que la réalité à l'égard du numérique terrestre, qui, en outre, se prête bien aux initiatives télévisuelles locales. Mais l'avenir est rempli de questions que chacun imagine, car ce réseau, même peu employé, reste à entretenir.