Révélateur : le cinéma pur jus a peur des nouveaux venus…
Un film primé à Cannes doit impérativement être diffusé en salle. C'est en résumé ce que pensent les tenants de la "toile" classique. En fait, et en dépit de ce que le petit écran a pu apporter depuis des décennies au cinéma classique, y compris des sommes imposantes sans lesquelles il aurait peut-être eu du mal à subsister, le naturel revient au galop. Tant pis si des millions de consommateurs se sont onéreusement équipés du nécessaire pour regarder les œuvres du 7ème art dans les meilleures conditions possibles.
La répulsion reste présente. La reconnaissance beaucoup moins. Historiquement, le cinéma n'a jamais vu dans ce qui n'était hier "que" la télévision qu'un concurrent, plutôt qu'un complément. Il est vrai qu'en 1960, regarder un long métrage en couleur cinémascope sur un tube cathodique de 45 cm était un sacrifice. Mais déjà, le "vrai" cinéma y voyait une agression inacceptable. Ne créer que pour des écrans plats qui restent dans un coin du living n'a pas le caractère créatif et artistique requis. Et quand c'est un nouveau venu, issu du monde étrange de l'image numérique connectée, l'intolérable est au sommet. D'ailleurs, ce genre d'activité créative ne revient sans doute qu'à chercher de l'audience. Ce qui, chacun le sait, n'est en rien comparable avec le vrai cinoche, y compris lorsque quelque avance sur recette est perçue.