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SI LA PHARMACIE N'A PAS DE LIEN DIRECT AVEC L'ELECTRONIQUE POUR TOUS, ELLE EST EN REVANCHE UNE COMPOSANTE IMPORTANTE POUR TOUT TISSU COMMERCIAL, NOTAMMENT EN TERMES DE TRAFIC. DANS CETTE OPTIQUE, LES SOUCIS DES OFFICINES NOUS CONCERNENT…

La fermeture définitive de nombreuses pharmacies, phénomène qui s'amplifie, est non seulement préoccupante pour cette profession, mais aussi pour le commerce dans son ensemble, en particulier dans celui de centre-ville. Relayant un manifeste qui vient d'être publié par l'ordre des pharmaciens et divers syndicats professionnels, de nombreux médias ont souligné ces jours derniers ce qui ressemble à un cri d'alarme.

Si l'hémorragie des officines n'est pas une tendance nouvelle, elle s'étend. Et l'on entend à ce propos des formules lyriquement symboliques ("le poste avancé du système médical", souligne Le Figaro) mêlées à des explications qui, selon nous, semblent passer sous silence au moins une cause essentielle dans ce qui frappe ce commerce. En effet, les pharmacies subissent, tout simplement, comme de nombreux autres commerces, la désertification des centres-villes. Pour qu'une rue, avenue ou zone commerçante conserve une activité suffisante à sa survie, il lui faut regrouper des établissements bénéficiant d'une fréquentation élevée.*

La pharmacie fait partie de ces composantes du trafic de clientèle. Mais si les boulangeries, les boucheries, les traiteurs et quelques autres aussi cessent leur activité (ou se contentent d'une qualité globale insuffisante), c'est la disparition inéluctable de tous qui guette. En outre, pour que ces établissements ne disparaissent pas, l'indispensable qualité de l'accueil et des produits qu'ils proposent ne suffit pas. Il leur faut aussi optimiser leur accessibilité, physiquement et en amplitudes horaires.

Malheureusement, de nombreuses municipalités ont, croyant bien faire, créé depuis des décennies les conditions idéales à cette désertification, multipliant des voies piétonnes, instaurant à qui mieux mieux du stationnement payant, etc. Certaines ont d'ailleurs fini par analyser ce mal majeur et reconnaître une erreur. Elles font depuis quelques saisons machine arrière.

Dans des ménages où les deux conjoints travaillent, (nécessité encore plus réelle pour les nombreux foyers d'une seule personne, mères célibataires et autres…), le réflexe consiste à se diriger vers un lieu où l'essentiel est à disposition, pharmacie incluse. Une maman ayant, après le travail et l'école, emmené son bambin pour consulter un médecin, et va chercher ce qui est prescrit sur l'ordonnance, devra souvent aussi acheter du pain et quelques autres provisions usuelles. L'officine de centre-ville risque inéluctablement de perdre cette cliente si l'un (et même un seul) des commerces "élémentaires" manque dans son programme de "courses à faire", tout comme si, pour s'y rendre, il lui faut trouver une hypothétique place pour la voiture**, et peut-être se faufiler jusqu'au cœur d'une zone piétonne. Même sanction si l'officine a baissé son rideau de fer à 19 h 00 alors que les centres commerciaux dignes de ce nom sont au moins ouverts jusqu'à 21 heures dans de nombreuses villes, même moyennes.

Inversement, la présence d'un établissement surmonté d'une croix verte peut être un maillon clé pour un ensemble de commerces animant un quartier, apportant à son tour un trafic aux commerces voisins. C'est comme "à la barbichette", je te tiens, tu me tiens…"

Trop de pharmacies tue la pharmacie.

Ajoutons un point qui fera sans doute sursauter bien des instances de la distribution de médicaments : le nombre avancé de plus de 22.000 pharmacies en France paraît très élevé, compte tenu des effectifs de commerces établis dans l'Hexagone et de leur concentration. Ce nombre correspond à une moyenne de 220 à 230 par département, ou encore d'une pharmacie pour environ 1200 foyers (La réglementation dit "1 pour 2500 habitants, et échelons de 4000 au-delà) . Sans pénétrer au cœur des comptabilités, il est probable qu'un certain nombre soit en deçà de l'équilibre économique nécessaire à toute entreprise.

Inutile donc de mettre trop en avant des arguments tels que la concurrence d'Internet ou la raréfaction des cabinets de médecins généralistes pour expliquer les fermetures . Quant aux suicides de pharmaciens évoqués par les instances de ce métier, s'il en est déploré dans ce métier, chacun sait qu'il y en a aussi dans beaucoup d'autres professions. Loin de souhaiter les occulter ou de nier les facettes de désespoir qu'ils révèlent, mieux vaudrait les rapprocher d'un bon nombre de paramètres structurels de toutes sortes qui font de notre territoire un univers à haut risque pour tous ceux qui ont l'audace d'entreprendre et l'espoir de persévérer.

Tout commerce bien fait en consolide un autre (et inversement).

Pour synthétiser, résumons en soulignant que, si vous exploitez un point de vente de belle hi-fi, spécialisé en photo, en jeux vidéo ou en télécoms, avoir pour voisine une pharmacie accessible et ouverte tard le soir est la meilleure garantie de bon fonctionnement.

*Dans ce sens, la cession il y a quelques années de magasins à des succursales de banques, assurances, caisses d'épargne, qui fut une aubaine pour des exploitants –souvent à l'heure de la retraite- ne trouvant pas de repreneurs, s'avère être une nouvelle bombe à retardement pour les centres-villes. La généralisation des relations via Internet devrait conduire à la fermeture de nombreuses implantations de ce type, et l'on ne voit guère qui pourrait reprendre ces locaux disponibles. Sans attendre cette échéance inéluctable, ces lieux liés aux services sont d'ores et déjà fréquentés d'une manière de plus en plus très occasionnelle, ne nourrissant plus le trafic d'antant.

**Qu'on le veuille ou non, c'est le classique "no parking, no business" qui s'invite. Parking impérativement gratuit, rares étant les chalands qui acceptent de mettre une petite pièce pour quelques minutes d'arrêt, au risque de récolter un PV.

Tag(s) : #L'info en temps réel, #- TOUT LE COMMERCE
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